Griffin (John)

Un article de la Mémoire du Québec (2022).

  • Le 2 février 2003, vers 17 h, Denis Poirier, 38 ans, un revendeur de cocaïne, est abattu de plusieurs balles alors qu'il urinait dans une ruelle située près de l'intersection des rues Atwater et Workman, à proximité de la station de métro Lionel-Groulx à Montréal ; la police croit à un règlement de compte, Poirier devant au delà de 80 000 $ au West End Gang.

Le 6 février 2003, l'ancien boxeur professionnel, John Griffin, 46 ans, de l'arrondissement de Notre-Dame-de-Grâce de Montréal, et Earl Roy Harris, 52 ans, sont accusés du meurtre de John Griffin ; ils sont également accusés d'avoir kidnappé Joseph Besso et Matthew Demaine pour obtenir des renseignements sur Poirier près de deux semaines avant l'assassinat de celui-ci. John Griffin est le frère de Richard Griffin. Voir également Guerres des gangs.
En mars 2005, un jury déclare John Griffin coupable du meurtre prémédité de Poirier et le juge James Brunton condamne John Griffin à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant d'avoir purgé 25 ans de sa peine derrière les barreaux. Au cours de ce procès, on a dit au jury que le motif du meurtre impliquait une somme de 100 000 $ que Poirier devait à Griffin et à une tierce personne dans une transaction de drogues qui avait mal tourné.
Le 23 mars 2005, Earl Roy Harris est reconnu coupable d'homicide involontaire et il est condamné à 9 ans de prison.
En mai 2008, la Cour d'appel du Québec ordonne la tenue de nouveaux procès dans le cas de John Griffin et de Earl Roy Harris parce que le juge Brunton avait permis qu'une preuve de ouï-dire soit utilisée pour éliminer la possibilité que d'autres que Griffin aient pu tuer Poirier dont le style de vie de trafiquant de drogues le rendait susceptible d'être la victime de plusieurs personnes ; le juge aurait aussi erré dans sa description du doute raisonnable dans son adresse au jury ; la Couronne en appelle de cette décision à la Cour suprême du Canada.
Le 19 juin 2009, la Cour suprême du Canada renverse la décision de la Cour d'appel et restaure la décision du juge Brunton.

Le 15 juin 2021, John Griffin, 60 ans, invoquant la clause de la dernière chance, demande que sa période d'élégibilité préalable à une libération conditionnelle soit réduite.
Nota : La clause de la dernière chance offre à un détenu condamné à une peine d'emprisonnement à perpétuité pour meurtre ou haute trahison la possibilité de demander une révision de sa période d'inadmissibilité préalable à sa libération conditionnelle, après avoir purgé au moins 15 ans de sa peine.

Contexte
La peine de mort a été abolie en 1976 et le projet de loi C-84 a instauré l'emprisonnement la perpétuité obligatoire en remplacement de la peine de mort. Entre 1964 et 1976, toutes les peines de mort ont été commuées en peines d'emprisonnement à perpétuité, les condamnés devenant admissibles à une libération conditionnelle après avoir purgé 7 années de leur peine. Alors que l'abolition de la peine de mort avait été acclamée comme un changement humanitaire, certains considéraient comme une peine cruelle et inhabituelle l'imposition d'une peine d'emprisonnement à perpétuité sans admissibilité à une libération conditionnelle avant d'avoir purgé 25 années, tout en reconnaissant qu'il s'agissait d'un compromis nécessaire. L'article 21 du projet de loi prévoyait la possibilité de réduire à un minimum de 15 ans la période d'inadmissibilité à une libération conditionnelle à l'issue d'une révision judiciaire. Les demandes de révision sont d'abord examinées par un juge, puis par un jury qui doit évaluer le caractère du requérant; sa conduite durant l'exécution de sa peine; la nature de l'infraction pour laquelle il a été condamné; tout autre renseignement que le juge estime utile dans les circonstances.

Le condamné n'est pas automatiquement mis en liberté à l'issue d'une révision judiciaire favorable. Si le jury qui a procédé à l'examen réduit sa période d'inadmissibilité, le condamné pourra présenter une demande de libération conditionnelle à la nouvelle date fixée. Il reviendra en définitive à la Commission nationale des libérations conditionnelles d'établir à l'issue d'une audience si la personne pourra réintégrer la collectivité et quand elle pourra le faire. La mise en liberté s'effectue habituellement de manière graduelle, d'abord par de courtes sorties escortées dans la collectivité, puis par des sorties progressivement plus longues, incluant souvent un séjour en maison de transition. Les condamnés à perpétuité demeurent toujours sous la surveillance du Service correctionnel du Canada et doivent se conformer jusqu'à leur mort à des conditions strictes imposées pas la Commission nationale des libérations conditionnelles.

Contrairement aux prédictions des tenants de la peine de mort, le taux d'homicide n'a pas augmenté au Canada suite à l'abolition de la peine de mort en 1976. Au contraire, le taux national d'homicide a constamment diminué depuis le milieu des années 1970, passant d'environ 3,0 à 1,83 par 100 000 habitants. Le projet de loi S-6 est néanmoins venu abolir la clause de la dernière chance pour tous les détenus condamnés après le 6 décembre 2011.

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