Histoire de l'oeuvre

Un article de la Mémoire du Québec (2022).

La Mémoire du Québec


  • Je suis un amateur de mots croisés. Chaque weekend, pendant de nombreuses années, je prenais plaisir à réussir la Grille des mordus que composait alors Maurice Hannequart pour le quotidien La Presse de Montréal.


  • Au fil des semaines, j’en étais venu à connaître plusieurs petites communes d’Europe et plusieurs personnages plus ou moins familiers dont monsieur Hannequart publiait la photo au centre de sa grille.


  • Un jour, il y a près d'une quarantaine d'années, je me suis demandé pourquoi je n’y rencontrais que rarement des noms de personnages ou de lieux québécois ou canadiens.


  • Monsieur Hannequart m’a expliqué qu’une grille devait bénéficier de sources d’information amplement répandues comme le sont les dictionnaires. Il me dit que tous ses personnages se trouvaient, à l’époque, dans le dictionnaire Larousse qui commanditait sa grille.


  • Le Larousse et le Robert étant des dictionnaires destinés à la francophonie entière, il va de soi que l’inclusion des noms de personnages et de lieux géographiques exige un certain niveau d’importance dans le vaste ensemble francophone.


  • Par exemple, si les noms des premiers ministres francophones du Canada pouvaient y être inclus, on ne pouvait que rarement y trouver celui des premiers ministres du Québec. De même, si les noms des grandes villes canadiennes y apparaissaient, il n’en allait pas de même des villes et villages intéressants pour le petit marché québécois, mais peu importants pour celui de la grande Francophonie.


  • Comme il n’y avait pas de dictionnaire des noms propres exclusivement québécois, j’ai décidé d’en faire un. Mais par où commencer et comment procéder?


  • Le juge Ignace J. Deslauriers de la Cour supérieure du Québec avait écrit un recueil comportant les noms et un aperçu historique de chacun des juges de nos tribunaux. L’Assemblée nationale avait commandité un recueil qui faisait la même chose dans le cas des députés qui avaient été élus depuis 1792. Le Dictionnaire Biographique du Canada en était à son douzième volume.


  • J’ai donc décidé de prendre dans ces sources les éléments que je jugeais essentiels et de les fondre en une seule œuvre plus simple, mais assurément moins complète que ces œuvres spécialisées. J’ai commencé par résumer les curriculum vitae des députés, j’y ai ensuite inséré ceux des juges, des évêques et autres personnages de l’histoire du Québec.


  • Puis ce fut les noms de personnes qui avaient fait leur marque dans les domaines littéraires ou artistiques. Pour ce faire, je me suis inspiré des listes de récipiendaires québécois des divers prix décernés chaque année par les gouvernements et institutions spécialisées.


  • C’est dans le Dictionnaire pratique des auteurs québécois de Réginald Hamel, John E. Hare et Paul Wyczynski, que j’ai puisé les informations nécessaires à l’inclusion des écrivains cités. Les autres, comme les artistes, architectes, ingénieurs et autres scientifiques ont été glanés un peu partout, au fur et à mesure de mes lectures. Ensuite ce furent les gagnants de trophées de la Ligue nationale de hockey ou de médailles olympiques etc. etc.


  • Comme j’indiquais les lieux de naissance de ces personnages, je me suis dit que le lecteur serait sans doute heureux de situer géographiquement et historiquement ces endroits du Québec qui avaient vu naître ceux dont les noms étaient cités dans ce dictionnaire.


  • Michelle Dufresne, mon épouse en première noce, à qui je dois les références aux seigneuries de Nouvelle-France, avait hérité de sa grand-mère le Dictionnaire historique et géographique des paroisses missions et municipalités de la province de Québec publié en 1925 par Hormisdas Magnan. C’est donc chez monsieur Magnan que j’ai puisé les premières descriptions et la toponymie de ces lieux géographiques.


  • Comme j’indiquais les circonscriptions électorales fédérales et provinciales représentées par les députés, j’ai jugé utile d’énumérer pour chacune d’elles la liste des députés qui l’avaient représentée soit à l’Assemblée nationale soit à la Chambre des communes.


  • Pour parodier le Petit Robert, j’ai appelé mon œuvre Le Petit Jean, Dictionnaire des noms propres du Québec, que Les Éditions internationales Alain Stanké acceptèrent de publier en 1993, environ 15 ans après le début de mes travaux. Il contenait environ 6 000 noms répartis sur 951 pages. En près d’un an, plus de 17 000 exemplaires ont été distribués.


  • Mais la passion qui m'avait jusque-là animé fut encore attisée par les remarques faites par les utilisateurs, les corrections qu’ils ont demandées et les additions qu’ils ont souhaitées.


  • Deux élections générales sont tenues à l’intérieur d’une période de quatre ans, donc deux groupes de nouveaux députés qui viennent encore grossir le dictionnaire.


  • Chaque année le personnel judiciaire se renouvelle, des nouveaux récipiendaires de prix s’ajoutent, des trophées sont remportés par de nouveaux athlètes, etc. etc.


  • Tous les deux ans, des Jeux olympiques sont présentés et enrichissent la liste des Québécois qui s’y méritent des médailles.


  • Chaque jour, des événements surgissent qui méritent d’être signalés dans chacune des municipalités du Québec.


  • Si le nom d’une personne se trouve dans le dictionnaire pour l’une des raisons énumérées ci haut, je me suis dit qu’il serait peut-être intéressant pour nos lecteurs d’ajouter au Petit Jean le nom du premier homme qui avait porté ce patronyme en Amérique, et celui de la mère de ses enfants. Le Dictionnaire généalogique des familles du Québec, des origines à 1730 publié en 1983 sous la direction de René Jetté, a été ma source pour décrire la provenance, le mariage et la première progéniture des premiers de lignées en Amérique.


  • Le Petit Jean venait de grossir d’environ 1 500 nouvelles entrées et se transformait en 2001 sous le titre La Mémoire du Québec, édité également par Les Éditions internationales Alain Stanké. La Mémoire du Québec comptait 15 000 entrées réparties sur 1 800 pages. Près de 7 000 exemplaires ont été ditribués en moins de deux ans.


  • Lorsqu’une dame me fit remarquer que notre dictionnaire ne contenait pas beaucoup de noms de femmes, j'ai décidé de transformer les premiers de lignée en pères de lignée et d’ajouter les noms de 1 900 mères de lignée et leurs origines de même que leur progéniture, comme je l'avais fait pour les pères de lignée.


  • Dans une bouquinerie de la rue Mont-Royal, j’ai trouvé un dictionnaire Larousse Sélection publié en 1969 par Sélection du Reader’s Digest qui comportait une section intitulée Dictionnaire étymologique des noms de famille et prénoms de France. J’ai pensé que l’étymologie des noms de personnes pourrait intéresser nos lecteurs.


  • Possédant un Dictionnaire Bescherelle publié en 1857, j’ai entrepris d’adapter au Québec en utilisant les définitions des mots telles qu’elles étaient à cette époque, l’étymologie de 1 800 noms de personnes.


  • Le Dictionnaire généalogique des familles du Québec de René Jetté ne le mentionnait pas, mais plusieurs des épouses de nos pères étaient des Filles du Roy.


  • Des soldats de régiments québécois sont morts en Europe, en Corée, au Vietnam et en Afghanistan, j'ai voulu rappeler leur souvenir en inscrivant leur nom et le lieu de leur mort ou de leur inhumation.


  • J'ai fait de même avec les policiers et les pompiers qui sont morts en devoir sur notre territoire.


  • Des hommes se sont révoltés en 1837-1838 au Bas-Canada; font également partie de ce dictionnaire ceux qui ont été exilés, pendus, tués au cours des combats contre les troupes britanniques.


  • J'ai répertorié les événements qui ont marqué l'évolution de nos grandes entreprises (Bombardier, Bell Canada, SNC-Lavalin, Saputo etc).


  • Il n'y a pas que de belles histoires dans la Mémoire du Québec; les scandales politiques ou économiques, les meurtres, leurs auteurs et leurs victimes y sont aussi soulignés.


  • En 2006, La Mémoire du Québec était devenue si imposante qu'il devenait difficilement possible de trouver un éditeur pour une nouvelle édition papier. J'ai laissé entre les mains de trois proches collaborateurs la mise en place d'un site internet, son édition et sa présentation. Mon fils Michel qui s'occupe de mettre à jour le programme que j'utilise pour ma base de données, mon autre fils Jean qui veille à l'édition du site, et son ami Pierre Déom, lequel voit à la programmation pour en arriver au produit actuel : www.memoireduquebec.com


  • Après plus de 10 ans sur internet, j'ai apporté de nombreuses corrections, grâce aux interventions des internautes, et je peux maintenant procéder à des mises-à-jour bisannuelles pour le plus grand bénéfice des lecteurs.


  • La fonctionnalité du site s'est également grandement améliorée depuis sa création. Près de 32 000 articles sont répartis dans une centaine de catégories afin de faciliter les recherches, des liens hypertextes ont été créés pour accélérer la consultation, des liens vers les cartes Google ont été rajoutés...


  • À l'aube de mes 83 ans, La Mémoire du Québec en ligne reçoit gratuitement environ 200 000 visites par mois provenant de plus de 125 pays, principalement des pays de la francophonie.


  • Je suis fier de pouvoir dire que la Mémoire du Québec est désormais une source d’information amplement répandue à la portée de tous, incluant bien sûr, les amateurs de mots croisés. Monsieur Hannequart serait certainement heureux de nous faire chercher des noms de personnages et de lieux québécois dans sa grille. Et je serais heureux de tenter de le déjouer.


Jean Cournoyer
02 mars 2017

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