Québec (province). Crises. Crise d'octobre 1970

Un article de la Mémoire du Québec (2022).

  • Suite d'événements dont les premiers surviennent après la victoire des Libéraux de Jean Lesage en juin 1960 et dont le point culminant se situe en octobre 1970.


  • Éphémérides -


1957
(Janvier 1957) Fondation de l'Alliance laurentienne par Raymond Barbeau.
1960
(22 juin 1960) Élection du Parti libéral de Jean Lesage qui propose la révolution tranquille aux Québécois.
(9 août 1960) Fondation de l'Action socialiste pour l'indépendance du Québec par Raoul Roy.
(10 septembre 1960) Fondation du Rassemblement pour l'indépendance nationale par, entre autres, André D'Allemagne, Marcel Chaput, Jacques Bellemare, Pierre Bourgault, Yves Préfontaine, et Bernard Smith.
1961
(18 septembre 1961) Publication du livre de Marcel Chaput intitulé Pourquoi je suis séparatiste.
1962
(1er juillet 1962) Vandalisme sur la statue de John A. MacDonald dans le square Dominion on y trouve l'inscription «Je suis séparatiste».
(31 octobre 1962) Fondation du Comité de libération nationale par Jacques Desormeaux, Jacques Lucques, Robert Aubin et Philippe Bernard.
(Novembre 1962) 24 personnes créent le Réseau de résistance ayant pour but d'accélérer l'accession à l'indépendance du Québec par la violence stratégique et par les armes si nécessaire.
(14 novembre 1962) Le Parti libéral remporte les élections générales déclenchées pour faire approuver par les électeurs son projet de nationaliser l'électricité au Québec.
(19 novembre 1962) Le président du Canadien National, Donald Gordon, déclare que, s'il n'y a pas de Canadiens français parmi les 17 postes de directions, c'est que, la promotion se faisant au mérite, ils sont incapables d'obtenir ces postes.
(11 décembre 1962) Manifestation des étudiants de l'Université de Montréal-UdeM dirigés par Bernard Landry et Pierre Marois contre le Canadien National-CN.
1963
(10 février 1963) Impatient, un groupe du Réseau de résistance (Georges Schoeters, Raymond Villeneuve et Gabriel Hudon) se dissocie du Comité de libération nationale et fonde le Front de libération du Québec-FLQ ; le Front prône l'indépendance du Québec même par la violence s'il le faut.
(23 février 1963) Le FLQ revendique la pose d'une bombe dans la station de radio anglophone CKGM de Montréal.
(3 mars 1963) Le Rassemblement pour l'indépendance nationale-RIN devient officiellement un parti politique.
(7 et 8 mars 1963, durant la nuit) Le FLQ attaque au cocktail Molotov de trois établissement de l'Armée canadienne à Montréal et à Westmount.
(28 mars 1963) La statue du général Wolfe à Québec, est déboulonnée à l'aide d'un camion et se casse en plusieurs morceaux en tombant ; Jean-Paul Matte et son frère, René Matte sont arrêtés en lien avec cette affaire.
(1er avril 1963) Explosion de bombes posées dans l'édifice du Revenu national, à la gare Centrale de Montréal et sur la voie du Canadien National-CN à Lemieux, entre Québec et Montréal ; à cause de ce dernier événement, le train spécial de campagne électorale du premier ministre, John Diefenbaker, est retardé d'une heure.
(6 avril 1963) Découverte d'une bombe composée de 23 bâtons de dynamite posée sous la grande tour de CBC/Radio-Canada sur le mont Royal.
(8 avril 1963) Élections générales fédérales. Le parti libéral du Canada-PLC remporte 41,52 % du vote populaire et le Parti conservateur-PC, 32,72 %.
(12 avril 1962) La Gendarmerie royale du Canada et le Service de police de Montréal effectuent des perquisitions chez des dizaines de militants indépendantistes.
(16 avril) Publications par le FLQ d'un manifeste intitulé «Message du FLQ à la nation»
(21 avril 1963) Tragédie mortelle ; acte criminel ; explosion d'une bombe à l'arrière du centre de recrutement de l'Armée canadienne, au 772, rue Sherbrooke Ouest ; le FLQ revendique la paternité de l'attentat ; bilan : 1 mort, le gardien de nuit, William Vincent O'Neil.
(3 mai 1963) Explosion de bombes posées à la caserne des Black Watch, sur la rue de Bleury, à Montréal, aux services techniques de l'Aviation royale du Canada à Mont-Royal, à une raffinerie de pétrole de Montréal-Est, à la caserne du Corps des ingénieurs de l'armée et dans des boîtes aux lettres à Westmount.
(3 mai 1963) Une bombe de fabrication artisanale éclate à l'extérieur de l'édifice de la Légion canadienne à Saint-Jean-sur-Richelieu.
(7 mai 1963) La Ville de Montréal offre une récompense de 10 000 $ à quiconque fournira des renseignements menant à l'arrestation des membres du FLQ.
(10 mai 1963) Explosion d'une bombe contre un mur de la caserne du régiment des Black Watch à Montréal.
(13 mai 1963) Explosion d'une bombe à une unité de l'Aviation militaire du Canada à Mont-Royal.
(16 mai 1963) Explosion d'une bombe à la raffinerie Golden Eagle de Pointe-aux-Trembles.
(17 mai 1963) Le sergent-major Walter Leja, qui avait désamorcé une bombe posée dans une boîte aux lettres de Westmount, est grièvement blessé en tentant d'en désamorcer une autre ; Denis Lamoureux et François Gagnon seront respectivement condamnés à 3 ans et à 4 ans de prison relativement à ce crime.
(Juin 1963) Fondation d'un comité d'aide aux détenus comprenant Pierre De Bellefeuille, André Morel, Marcel Rioux, Michel Chartrand, Jean-Victor (Jean-V) Dufresne, Réginald Boisvert, Marcel Dubé, René Chaloult.
(1er juin 1963) Sur dénonciation de François-Mario Bachand: Richard Bizier, Alain Brouillard, Alain Brunelle, Jean Cloutier, Alain Gabriel, François Gagnon, André Garand, François Giroux, Jacques Giroux, Gabriel Hudon, Yves Labonté, Réjean Lachapelle, Denis Lamoureux, Jean-Jacques Lanciault, Michel Massicotte, Jeanne Pépin Schoeter, Eugénio Pilote, Gilles Pruneau, Claude Savoie, Pierre Schneider, Georges Schoeters, Roger Tétreault et Raymond Villeneuve sont arrêtés en lien avec des attentats à la bombe dont l'un a tué William Vincent O'Neil.
(10 juin 1963) Les membres du Front de libération du Québec-FLQ arrêtés le 2 juin comparaissent à l'enquête du coroner relativement à la mort de William Vincent O'Neil tué le 20 avril 1963.
(22 juin 1963) Arrestation de plusieurs membres du FLQ dont 16 seront trouvés coupables de délit.
(Juillet 1963) Création de l'Armée de libération du Québec par Jules Duchastel, Jean Gagnon, Robert Hudon, Jean LaSalle, André Wattier.
Fondation du Parti socialiste du Québec.
(13 juillet 1963) Le monument à la reine Victoria à Québec est dynamité.
(22 août 1963) Explosion d'une bombe sous le pont du Canadien Pacifique près de Kahnawake.
(26 août 1963) 700 bâtons de dynamite sont volés sur le chantier de construction de l'autoroute 15 à Saint-Sauveur-des-Monts.
(27 août 1963) Arrestation de Jacques Lanctôt, Guy de Grasse et Richard Bros qui doivent répondre aux accusations d'avoir allumé des incendies sur deux casernes militaires et sur le site de la Légion canadienne à Laval-Ouest et dans un abri des Chemins de fer nationaux sur l'île Bigras.
(26 septembre 1963) Des membres de l'Armée de libération du Québec réalisent un vol à main armée dans une succursale de la Banque royale du Canada ; Jules Duchastel et Claude Soulières sont arrêtés pour ce vol.
(8 octobre 1963) Condamnation à l'emprisonnement des membres suivants du FLQ :
Gabriel Hudon (12 ans),
Raymond Villeneuve (12 ans),
Georges Schoeters (10 ans) et
Jacques Giroux (10 ans) pour l'homicide de William Vincent O'Neil,
Yves Labonté (6 ans),
Denis Lamoureux (4 ans),
François Gagnon (3 ans),
Richard Bizier (6 mois) pour participation à des attentats à la bombe,
Schoeters, Jeanne Pépin (sentence suspendue),
André Garand ; peine d'emprisonnement avec sursis pour participation à des attentats à la bombe.
Alain Gabriel ; peine d'emprisonnement avec sursis pour participation à des attentats à la bombe.
Alain Brouillard ; peine d'emprisonnement avec sursis pour participation à des attentats à la bombe.
(9 octobre 1963) Découverte de 2 bombes dans les bureaux de poste de Longueuil et de Saint-Lambert ; les deux bombes sont désamorcées par la police.
(10 octobre 1963) La police de Boston appréhende 3 membres du FLQ recherchés par la police canadienne.

1964
(30 janvier 1964) Vol de matériel militaire à la caserne des Fusilliers Mont-Royal (59 mitrailleuses semi-automatiques belge FN7,62, 4 mitrailleuses Sten, 4 mortiers de 60 mm, 3 lance roquettes anti char bazooka, des grenades, 5 pistolets automatiques Browning, 13 000 balles de calibre.22, 2300 balles de calibre 303, 15 émetteurs-récepteurs, 2 téléphones portatifs, des lampes-tête, du fil électrique, une polycopieuse Gestetner et des convertures.
(20 février 1964) Vol d'armes à la caserne du 62e régiment de campagne à Shawinigan (33 fusils mitrailleurs FN 7,62, des pistolets, plusieurs balles, 12 émetteurs-récepteurs, une polycopieuse, des uniformes de combat et des casques bleus de l'ONU.
(2 et 3 mai 1964) Tous les membres d'une cellule du FLQ sont arrêtés au cours de descentes à Montréal et à Saint-Damase ; Jean Castonguay, Georges Laporte, Jacques Prévost et Normand Hurtubise sont arrêtés alors qu'ils sont en possession de 135 bâtons de dynamite et de 35 détonateurs ; 200 bâtons de dynamite avaient été volés la veille sur un chantier de construction du métro de Montréal ; Jean Castonguay et Omer Latour écoperont de peines de 4 ans de prison et Laporte de 3 ans.
(29 août 1964) Vol à main armée à l'International Firearms, sur la rue de Bleury ; bilan : 2 morts, Leslie MacWilliams, le gérant du magasin tué par les voleurs, et Alfred Pinish tué par la police qui le prend pour l'un des voleurs ; François Schirm, Edmond Guénette, Cyriaque Delisle, Marcel Tardif et Gilles Brunet, tous membres du FLQ, seront condamnés à mort relativement à cette affaire ; en 1968, à la suite d'un nouveau procès, la peine de mort prononcée à l'endroit de Schirm est commuée en emprisonnement à perpétuité et il sera libéré en 1978.
(10 octobre 1964 ; Samedi de la matraque) Visite de la reine Elizabeth II à Québec ; les forces policières utilisent les matraques pour maîtriser une manifestation organisée par le Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN) présidé par Pierre Bourgault ; cette journée sera connue comme «le Samedi de la matraque».
(2 novembre 1964) Explosion d'une bombe du FLQ au pied de la tour du poste de radio anglophone CFCF à Kahnawake.
1965
(1 mai 1965) François Schirm et Edmond Guénette, des membres du FLQ, sont condamnés à mort (leurs peines seront commuées en emprisonnement à vie).
Explosion d'une bombe du FLQ au consulat américain à Montréal.
(24 mai 1965) Explosion de bombes du FLQ dont l'une ébranle la statue de Dollard-des-Ormeaux et l'autre secoue le siège social de The Prudential, rue Dorchester (René-Lévesque) à Montréal.
Manifestation des indépendantistes ; bilan : arrestation de 203 personnes dont 131 seront mises en accusation pour attroupement illégal.
(15 juillet-19 juillet 1965) Arrestation de membres du FLQ dans les bois environnant la base militaire de La Macaza ; un agent de la Sûreté du Québec, Onil Bourdon, a été pris en otage par Daniel Bélec, Jean-Guy Lefebvre, Claude Nadeau, André Lessard, Réjean Tremblay et Bertrand Simard ; ils seront condamnés à des peines de prison pour séquestration.
(28 juillet 1965) Explosion d'une bombe du FLQ au siège social de la CIBC, à l'angle des rues Peel et Dorchester (René-Lévesque).
(22 août 1965) Arrestation de Gaston Collin, Lionel Chenette et Normand Allard qui seront reconnus coupables de possession de dynamite et d'attentats à la bombe, puis condamnés à la prison.
1966
(5 mai 1966) Gaétan Desrosiers (18 ans), un membre de la cellule felquiste dirigée par Pierre Vallières et Charles Gagnon, dépose une bombe dans le bureau du manufacturier de soulier LaGrenade (rue Rachel à Montréal) dont les employés sont en grève depuis un an ; bilan : 1 mort et 6 blessés ; et Thérèse Morin, la secrétaire de la direction, est tuée sur le coup ; ayant plaidé coupables à des accusations d'homicide involontaire relativement à cette affaire, Serge Demers, André Lavoie, Claude Simard, Gérard Laquerre, Marcel Faulkner et Réal Mathieu sont condamnés à des peines d'emprisonnement variant selon l'importance de leur implication.
(22 mai 1966) Explosion d'une bombe du FLQ à l'usine de la Dominion Textile de Drummondville dont les employés sont en grève.
(24 mai 1966) Une bombe explose en face de l'édifice de la compagnie d'assurance La Prudentielle, sur le boulevard Dorchester (René-Lévesque) à Montréal. À l'instigation de la revue Parti Pris, près de 2 000 nationalistes se réunissent en face de l'Ancienne prison du Pied-du-Courant et protestent contre la célébration de la fête de la reine Victoria à cette date ; 213 personnes sont arrêtées à la suite d'actes de vandalisme.
(3 juin 1966) Explosion d'une bombe du FLQ dans les toilettes du centre Paul-Sauvé où Jean Lesage tient une assemblée électorale ; bilan : aucun blessé.
(1 juillet 1966) Explosion d'une bombe du FLQ à l'Hôtel de ville de Westmount.
Manifestation des indépendantistes au parc La Fontaine ; bilan : arrestations de 105 personnes dont 52 seront mises en accusation.
(2 juillet 1966) Explosion d'une bombe du FLQ posée au pied de la tour de transmission du poste de télévision anglophone CKTS de Sherbrooke.
(14 juillet 1966) Tragédie mortelle ; explosion d'une bombe dans les mains de Jean Corbo, 16 ans, un membre du FLQ qui s'apprêtait à la poser dans le local de la Dominion Textile à Montréal ; bilan : Corbo est tué sur le coup.
(27 août 1966) Arrestation de 10 présumés membres du FLQ.
(26 septembre 1966) Pierre Vallières et Charles Gagnon sont arrêtés à New York lorsqu'ils entreprennent une grève de la faim en face de l'édifice des Nations-Unies.

1967
Georges Schoeters est libéré de prison à la condition qu'il retourne dans sa Belgique natale et qu'il ne revienne pas au Canada.
(1 janvier 1967) Explosion d'une bombe du FLQ posée dans une boîte aux lettres en face de l'Anglo American Trust, à l'angle des rues Notre-Dame et Saint-François-Xavier.
(13 janvier 1967) Pierre Vallières et Charles Gagnon sont expulsés des États-Unis, puis remis entre les mains de la police canadienne qui les inculpe de meurtre, d'attentats à la bombe et de vols à main armée.
(15 avril 1967) Parution du dernier numéro de La Cognée.
(27 avril 1967) Ouverture de l'Exposition universelle et internationale de 1967 à Montréal.
(24 juillet 1967) Le général Charles de Gaulles, président de la France, parlant à la foule qui brandit des drapeaux du Québec en face de l'Hôtel de ville de Montréal, s'écrie «Vive le Québec!...Vive le Québec libre!... et Vive la France!».
(29 juillet 1967) François Aquin, démissionne du Parti libéral pour devenir le premier député indépendantiste à être élu et à siéger à l'Assemblée législative du Québec-ALQ.
(Octobre 1967) Fondation du Mouvement souveraineté-association par René Lévesque qui vient de quitter le Parti libéral du Québec.
(16 octobre 1967) Explosion d'une bombe du FLQ posée à la résidence de Rosemère du directeur de l'usine d'embouteillage de Seven-Up à Mont-Royal dont les employés en grève ont été remplacés par des briseurs de grève.

1968
Gaétan Desrosiers admet avoir posé la bombe qui a explosé dans le bureau du manufacturier de souliers LaGrenade le 5 mai 1966.
(26 février 1968) Début du procès de Pierre Vallières et Charles Gagnon accusés de meurtre, entre autres.
(27 février 1968) Marche de solidarité en faveur des travailleurs de l'embouteilleur Seven-Up en grève depuis le 15 juin 1967 à Ville-Mont-Royal près de sa limite avec Montréal ; outre les centrales syndicales CSN et FTQ, le Rassemblement pour l'indépendance nationale-RIN de Pierre Bourgault, le Nouveau parti démocratique-NPD et le Mouvement Souveraineté-Association-MSA de René Lévesque participent à cette manifestation qui dégénère presque en émeute et se solde par des dizaines de blessés.
(14 mars 1968) Arrestation du journaliste Jacques Désormeaux lié au journal La Cognée et traducteur à l'Agence Canadian Press.
(15 mars 1968) Publication du livre de Pierre Vallières Nègres blancs d'Amérique (Éditions du Parti Pris).
(5 avril 1968) Pierre Vallières ayant été reconnu coupable d'homicide involontaire relativement à la mort de Thérèse Morin le 5 mai 1966, est condamné à la prison à perpétuité ; le jugement est cassé en appel, la Cour d'appel ordonne la tenue d'un nouveau procès au terme duquel Vallières sera de nouveau reconnu coupable et condamné à 30 mois de prison.
(Mai 1968) Explosion de bombes du réseau de Pierre-Paul Geoffroy et ses camarades posées à l'usine de Seven-Up à Mont-Royal et au consulat des États-Unis à Montréal.
(27 mai 1968) Spectacle-bénéfice intitulé Chansons et Poèmes de la Résistance et présenté par le Comité Vallières-Gagnon en faveur de Pierre Vallières, de Charles Gagnon et des autres personnes emprisonnées en raison de leur participation aux activités du FLQ (appellés prisonniers politiques par les organisateurs) ; parmi les participants, on trouve Robert Charlebois, Yvon Deschamps, Clémence Desrochers, Georges Dor, Jean Duceppe, Claude Gauvreau, Pauline Julien, Raymond Lévesque, Mouffe et Gaston Miron.
(24 juin 1968) Manifestation du Rassemblement pour l'indépendance nationale-RIN lors du défilé de la Saint-Jean-Baptiste auquel Pierre Elliott Trudeau, Daniel Johnson et Jean Drapeau assistent du balcon de la bibliothèque de Montréal en face du parc Lafontaine ; une bouteille vide est lancée en direction de Trudeau, la police charge les manifestants, des cocktails Molotov sont lancés, c'est l'émeute ; bilan : 83 blessés et 292 arrestations dont celle de Pierre Bourgault, leader du RIN, Paul Rose, Jacques Lanctôt et Jacques Couture.
(25 juin 1968) Les Québécois votent massivement pour le Parti libéral de Pierre Elliott Trudeau qui est porté au pouvoir avec une forte majorité de députés.
(Août, septembre, octobre et novembre 1968) Explosion de bombes du FLQ posées à des endroits choisis aux yeux du FLQ dans l'esprit de plusieurs canadiens français ; ces attentats (une trentaine) sont attribués au groupe dirigé par Pierre-Paul Geoffroy.
(Octobre 1968) Fusion du Mouvement souveraineté-association de René Lévesque, du Ralliement national de Gilles Grégoire, puis du Rassemblement pour l'indépendance nationale de Pierre Bourgault pour former le Parti québécois.
(30 octobre 1968) Violente manifestation qui bloque l'aéroport de Dorval et paralyse la circulation dans plusieurs artères importantes de Montréal ; organisée par le Mouvement de libération du taxi, elle vise la compagnie Murray Hill détentrice du monopole du transport terrestre à l'aéroport.
(4 novembre 1968) Une charge de dynamite détruit le garage de la compagnie Murray Hill.
(22 novembre 1968) Une bombe du FLQ fait pour 25 000 $ de dommage au magasin Eaton, sur la rue Sainte-Catherine.
(31 décembre 1968) Explosion de quatre bombes du FLQ posées à l'Hôtel de ville de Montréal, à l'édifice de l'Impôt fédéral et au Secrétariat d'État du Canada à Montréal. Une prime de 20 000 $ est offerte pour aider à trouver les poseurs de bombes.

1969
(1er janvier 1969) Une bombe constituée de 14 bâtons de dynamite est désamorcée à l'hôtel de ville de Montréal.
(13 février 1969) Explosion d'une bombe sur le parquet de la Bourse de Montréal ; bilan : 32 blessés ; l'attentat est attribué au réseau dirigé par Pierre-Paul Geoffroy ; dommages évalués à 1 M $.
(4 mars 1969) Arrestation de Pierre-Paul Geoffroy qui est accusé de participation à l'attrnat contre la Bourse de Montréal.
(28 mars 1969) Manifestation d'environ 15 000 personnes qui soutiennent l'Opération McGill français organisée par François-Mario Bachand et le professeur Stanley Grey.
(24 juillet 1969) Pierre Bourgault est acquitté de l'accusation d'avoir participé à l'émeute du 24 juin 1968.
(10 septembre 1969) Une marche en faveur de l'école française de Saint-Léonard dégénère en bagarres entre francophones et italophones ; le maire de Saint-Léonard proclame la Loi de l'émeute ; bilan : une centaine d'arrestations et 43 personnes accusées de participation à une émeute.
(Nuit du 28 au 29 septembre 1969) Explosion d'une bombe à la résidence du maire de Montréal, Jean Drapeau ; le maire n'était pas à sa résidence au moment de l'explosion.
(Octobre 1969) Le gouvernement dépose à l'Assemblée nationale son Bill 63, une loi qui accorde aux parents le libre choix de la langue d'enseignement de leurs enfants ; cette législation provoque des manifestations monstres dans les rues de Montréal et dans les grandes villes du Québec.
(7 octobre 1969) Les 3 700 policiers et 2 400 pompiers de Montréal ayant déclenché une grève illégale, la foule ayant saccagé et pillé plusieurs commerces du centre-ville, la Sûreté du Québec, la Gendarmerie royale du Canada et l'armée canadienne interviennent pour ramener la paix à Montréal.

  • Tragédie mortelle ; profitant de la grève des policiers de Montréal, le Mouvement de libération du taxi tente de saccager les locaux de la compagnie de transports Murray Hill protégés par des gardiens privés armés ; des coups de feu sont tirés ; bilan : 1 mort, le caporal Robert Dumas de la Sûreté du Québec, et plusieurs blessés dont Jacques Lanctôt et Marc Carbonneau et des autobus incendiés.

(8 octobre 1969) Une loi spéciale de l'Assemblée nationale ordonne le retour au travail des policiers et pompiers de Montréal ; Lucien Saulnier qui s'est adressé la veille aux grévistes réunis au Centre Paul-Sauvé, obtient la promesse du premier ministre Jean-Jacques Bertrand que la Communauté urbaine de Montréal sera créée, que les corps de police municipaux de l'île seront fusionnés et que le coût de la police de l'île de Montréal sera partagé par toutes les municipalités de l'île.
(31 octobre 1969) Près de 40 000 personnes marchent sur l'Hôtel du gouvernement à Québec pour tenter de dissuader les législateurs d'adopter le «Bill 63» ; l'ordre de dispersion est donné, les matraques sont utilisées ; bilan : plusieurs blessés et plusieurs arrestations.
(Novembre 1969) Le «Bill 63» est adopté par l'Assemblée nationale ; des bombes explosent sur les campus de la McGill University et du Loyola College.
(12 novembre) Une violente manifestation dans le quartier des affaires étant survenue le 7 novembre, le conseil de la ville de Montréal adopte un règlement interdisant les manifestations et certaines assemblées publiques.
(30 novembre 1969) Une bombe explose sur le campus de la McGill University.
(22 décembre 1969) Explosion d'une bombe du FLQ sous un camion des Postes à Rosemont (Montréal).

1970
(Janvier 1970) À la suite de vols à main armée et de fraude, un groupe dirigé par Paul Rose est en mesure de financer l'achat d'une ferme à Sainte-Anne-de-la-Rochelle (Cantons-de-l'Est ) et une maison située au 1148, Roland-Therrien, à Longueuil.
(Février 1970) Jacques Lanctôt loue un logement, au 3955 de la rue Saint-André à Montréal ; ce logement sera habité par Louise Lanctôt et son compagnon, Jacques Cossette-Trudel.
(20 février 1970) Acquitté de l'accusation de meurtre et de 11 des 13 autres chefs d'accusation qui pesaient contre lui, Charles Gagnon est remis en liberté provisoire ; il aura été détenu en prison pendant 41 mois.
(26 février 1970) Jacques Lanctôt et Pierre Marcil sont arrêtés pour possession d'armes à feu ; soupçonnés d'avoir comploté l'enlèvement de Moïse Golan, le consul d'Israël à Montréal, ils sont relâchés sous conditions.
(Mars 1970) Paul Rose fait l'acquisition d'une maison située au 5630 de la rue Armstrong à Saint-Hubert.
(12 mars 1970) Arrestation de Marc-André Gagné au cours d'un vol à main armée à une succursale de la Banque Canadienne Nationale à Montréal.
(29 avril 1970) Élections générales au Québec dans 108 circonscriptions électorales ; le Parti québécois remporte 23,1% des voix exprimées et fait élire 7 députés à l'Assemblée nationale ; le Parti de l'Union nationale obtient 19,6 % du vote et 17 députés, le Parti du Crédit social obtient 11,2 % du vote et 12 députés ; le parti libéral de Robert Bourassa est porté au pouvoir avec 45,4 % du vote et 72 députés.
(7 mai 1970) Explosion d'une bombe du FLQ posée près d'une station postale en appui aux employés de la compagnie Lapalme, spécialisée dans le transport de la poste, qui veulent être intégrés au ministère des Postes avec leur syndicat CSN.
(24 mai 1970) Explosion d'une bombe du FLQ au Montreal Board of Trade, sur la rue Saint-Sacrement, à Montréal.
(26 mai 1970)) Acquitté de l'accusation de meurtre qui pesait contre lui, Pierre Vallières est remis en liberté provisoire ; il a passé 43 mois en prison.
(28 mai 1970) Mis sur leur piste par Marc-André Gagné, Robert Hudon, Gabriel Hudon, Pierre Demers, Réjean Tremblay, André Lessard et André Lavoie sont arrêtés à la suite d'un vol à main armée à Saint-Calixe-de-Kilkenny.
(31 mai 1970) Deux de sept bombes posées à Westmount sont désamorcées alors que les 5 autres explosent aux endroits suivants :

1 : Financial Collection Agency, 4150, Sherbrooke Ouest ; la bombe explose à 1 h. 57.
2 : Maison de Peter Bronfman, 5, Landsdowne Ridge ; la bombe explose à 4 h.
3 : Maison de Percy E. Nobbs, 38, Belvedere Road ; la bombe explose à 4 h. 25.
4 : Maison vide, 61, Belvedere Road ; la bombe explose à 4 h. 38.
5 : Maison de Hugh McCuaig, 165 Edgehill Road ; la bombe explose à 4 h. 59.

(Juin 1970) Plusieurs bombes sont posées, certaines sont désamorcées et d'autres explosent ; la plupart sont revendiquées par le FLQ.
(24 juin 1970) Tragédie mortelle ; explosion d'une bombe du FLQ au ministère de la Défense à Ottawa ; bilan : 1 mort, Jeanne-d'Arc Saint-Germain, 50 ans, une employée du ministère.
(Juillet 1970) Plusieurs bombes posées par le FLQ (Banque Royale, rue Saint-Jacques, Assurances Wawanesa, à Mont-Royal, Banque de Montréal, rue Saint-Jacques, Hôtel Victoria, où loge Robert Bourassa à Québec) sont désamorcées par la police. Fondation du Front d'action politique (FRAP), un parti politique municipal voué à renverser le maire Jean Drapeau lors des élections municipales du 25 octobre suivant.
(8 août 1970) L'Assemblée nationale adopte une loi qui ordonne le retour au travail des travailleurs de la construction.
(5 septembre 1970) Formation de la cellule Libération du FLQ qui regroupe autour de Jacques Lanctôt, les militants Louise Lanctôt, Jacques Cossette-Trudel, Marc Carbonneau, et Yves Langlois; Nigel Hamer s'y joint quelques jours plus tard. Formation de la cellule Chénier du FLQ qui regroupe autour de Paul Rose, les militants Jacques Rose, Francis Simard.
(12 septembre 1970) Jacques Tremblay alias Cossette-Trudel loue un appartement au 10945, rue des Récollets à Montréal-Nord.
(Dimanche, 4 octobre 1970) La cellule Libération du FLQ décide de kidnapper un diplomate et choisit comme cible, James Richard Cross, haut-commissaire commercial de Grande-Bretagne à Montréal.
(Lundi, 5 octobre 1970, 8 h 20) Quatre membres de la cellule Libération du FLQ kidnappent le diplomate britannique James Richard Cross, à sa résidence du 1297, rue Redpath Crescent à Westmount ; la victime est transportée dans une voiture grise de marque Chrysler portant l'identification de la compagnie de Taxis Lasalle.
(Mercredi 7 octobre 1970)
Les médecins spécialistes du Québec déclarent une grève générale de leurs membres
(Jeudi, 8 octobre 1970, 22 h 30) Gaétan Montreuil, lecteur des nouvelles à la télévision de CBC/Radio-Canada, lit sur les ondes le manifeste du Front de libération du Québec-FLQ.

Manifeste

Le Front de libération du Québec n'est pas le messie, ni un Robin des bois des temps modernes. C'est un regroupement de travailleurs québécois qui sont décidés à tout mettre en oeuvre pour que le peuple du Québec prenne définitivement en mains son destin.

Le Front de libération du Québec veut l'indépendance totale des Québécois, réunis dans une société libre et purgée à jamais de sa clique de requins voraces, les «big boss» patronneux et leurs valets qui ont fait du Québec leur chasse-gardée du cheap labor et de l'exploitation sans scrupules.

Le Front de libération du Québec n'est pas un mouvement d'agression, mais une réponse à une agression, celle organisée par la haute finance par l'entremise de marionnettes des gouvernements fédéral et provincial (le show de la Brinks, le bill 63, la carte électorale, la taxe dite de «progrès social», Power Corporation, l'assurance-médecins, les gars de Lapalme...).

Le Front de libération du Québec s'autofinance d'impôts volontaires prélevés à même les entreprises d'exploitation des ouvriers (banques, compagnies de finance, etc.).

«Les puissances d'argent du statu quo, la plupart des tuteurs traditionnels de notre peuple, ont obtenu la réaction qu'ils espéraient, le recul plutôt qu'un changement pour lequel nous avons travaillé comme jamais ; pour lequel on va continuer à travailler. René Lévesque, le 29 avril 1970»

Nous avons cru un moment qu'il valait la peine de canaliser nos énergies, nos impatiences comme le dit si bien René Lévesque, dans le Parti québécois, mais la victoire libérale montre bien que ce qu'on appelle démocratie au Québec n'est en fait et depuis toujours que la «democracy» des riches. La victoire du Parti libéral en ce sens n'est en fait que la victoire des faiseurs d'élections Simard-Cotroni. En conséquence, le parlementarisme britannique, c'est bien fini et le Front de libération du Québec ne se laissera jamais distraire par les miettes électorales que les capitalistes anglo-saxons lancent dans la basse-cour québécoise à tous les quatre ans. Nombre de Québécois ont compris et ils vont agir. Bourassa dans l'année qui vient va prendre de la maturité : 100 000 travailleurs révolutionnaires organisés et armés !

Oui, il y en a des raisons à la victoire libérale. Oui, il y en a des raisons à la pauvreté, au chômage, aux taudis, au fait que vous, M. Bergeron de la rue Visitation et vous aussi, M. Legendre de Ville de Laval qui gagnez 10 000 dollars par année, vous ne vous sentiez pas libres en notre pays le Québec.

Oui, il y en a des raisons, et les gars de la Lord les connaissent, les pêcheurs de la Gaspésie, les travailleurs de la Côte-Nord, les mineurs de la Iron Ore, de Quebec Cartier Mining, de la Noranda les connaissent eux aussi ces raisons. Et les braves travailleurs de Cabano que l'on a tenté de fourrer une fois de plus en savent un tas de raisons. Oui, il y en a des raisons pour que vous, M. Tremblay de la rue Panet et vous M. Cloutier qui travaillez dans la construction à Saint-Jérôme, vous ne puissiez vous payer des «vaisseaux d'or» avec de la belle zizique et tout le fling flang comme l'a fait Drapeau-l'aristocrate, celui qui se préoccupe tellement des taudis qu'il a fait placer des panneaux de couleurs devant ceux-ci pour ne pas que les riches touristes voient notre misère.

Oui, il y en a des raisons pour que vous Madame Lemay de Saint-Hyacinthe, vous ne puissiez vous payer des petits voyages en Floride comme le font avec notre argent tous les sales juges et députés.

Les braves travailleurs de la Vickers et ceux de la Davie Ship les savent, ces raisons, eux à qui l'on n'a donné aucune raison pour les crisser à la porte. Et les gars de Murdochville que l'on a écrasés pour la seule et unique raison qu'ils voulaient se syndiquer et à qui les sales juges ont fait payer plus de deux millions de dollars parce qu'ils avaient voulu exercer ce droit élémentaire. Les gars de Murdochville la connaissent la justice et ils en connaissent des tas de raisons.

Oui, il y en a des raisons pour que vous, M. Lachance de la rue Sainte-Marguerite, vous alliez noyer votre désespoir, votre rancoeur et votre rage dans la bière du chien à Molson. Et toi, Lachance fils avec tes cigarettes de mari...

Oui, il y en a des raisons pour que vous, les assistés sociaux, on vous tienne de génération en génération sur le bien-être social. Il y en a des tas de raisons, les travailleurs de la Domtar à Windsor et à East Angus les savent. Et les travailleurs de la Squibb et de la Ayer's et les gars de la Régie des alcools et ceux de Seven-up et de Victoria Precision, et les cols bleus de Laval et de Montréal et les gars de Lapalme en savent des tas de raisons.

Les travailleurs de Dupont of Canada en savent eux aussi, même si bientôt ils ne pourront que les donner en anglais (ainsi assimilés, ils iront grossir le nombre des immigrants, Néo-Québécois, enfants chéris du bill 63).

Et les policiers de Montréal auraient dû les comprendre ces raisons, eux qui sont les bras du système ; ils auraient dû s'apercevoir que nous vivons dans une société terrorisée parce que sans leur force, sans leur violence, plus rien ne fonctionnait le 7 octobre !

Nous en avons soupé du fédéralisme canadian (sic) qui pénalise les producteurs laitiers du Québec pour satisfaire aux besoins anglo-saxons du Commonwealth ;
qui maintient les braves chauffeurs de taxi de Montréal dans un état de demi-esclaves en protégeant honteusement le monopole exclusif à l'écoeurant Murray Hill et de son propriétaire-assassin Charles Hershorn et son fils Paul qui, à maintes reprises, le soir du 7 octobre, arracha des mains de ses employés le fusil de calibre 12 pour tirer sur les chauffeurs et blesser ainsi mortellement le caporal Dumas, tué en tant que manifestant ;
qui pratique une politique insensée des importations en jetant un à un dans la rue les petits salariés des Textiles et de la Chaussure, les plus bafoués au Québec, aux profits d'une poignée de maudits »money makers» roulant Cadillac ;
qui classe la nation québécoise au rang des minorités ethniques du Canada.

Nous en avons soupé, et de plus en plus de Québécois également, d'un gouvernement de mitaines qui fait mille et une acrobaties pour charmer les millionnaires américains en les suppliant de venir investir au Québec, «la Belle Province» où des milliers de miles carrés de forêts remplies de gibier et de lacs poissonneux sont la propriété exclusive de ces mêmes seigneurs tout-puissants du XXe siècle ;

d'un hypocrite à la Bourassa qui s'appuie sur les blindés de la Brinks, véritable symbole de l'occupation étrangère au Québec, pour tenir les pauvres «natives» québécois dans la peur de la misère et du chômage auxquels nous sommes tant habitués ;

de nos impôts que l'envoyé d'Ottawa au Québec veut donner aux boss anglophones pour les «inciter», ma chère, à parler français, à négocier en français : repeat after me : «cheap labor means main-d'oeuvre à bon marché» ;

des promesses de travail et de prospérité, alors que nous serons toujours les serviteurs assidus et les lèches-bottes des big shot, tant qu'il y aura des Westmount, des Town of Mount-Royal, des Hampstead, des Outremonts, tous ces véritables châteaux forts de la haute finance de la rue Saint-Jacques et de Wall Street, tant que nous tous, Québécois, n'aurons pas chassé par tous les moyens, y compris la dynamite et les armes, ces big boss de l'économie et de la politique, prêts à toutes les bassesses pour mieux nous fourrer.

Nous vivons dans une société d'esclaves terrorisés, terrorisés par les grands patrons, Steinberg, Clark, Bronfman, Smith, Neapole, Thompson, Nesbitt, Desmarais, Kierans (à côté de ça, Rémi Popol la garcette, Drapeau le dog, Bourassa le serin des Simard, Trudeau la tapette, c'est des peanuts !).

Terrorisés par l'Église capitaliste romaine, même si ça paraît de moins en moins (à qui appartient la Place de la Bourse), par les paiements à rembourser à la Household Finance, par la publicité des grands maîtres de la consommation, Eaton, Simpson, Morgan, Steinberg, General Motors... ; terrorisés par les lieux fermés de la science et de la culture que sont les universités et par leurs singes-directeurs Gaudry et Dorais et par le sous-singe Robert Shaw. Nous sommes de plus en plus nombreux à connaître et à subir cette société terroriste et le jour s'en vient où tous les Westmount du Québec disparaîtront de la carte.

Travailleurs de la production, des mines et des forêts ; travailleurs des services, enseignants et étudiants, chômeurs, prenez ce qui vous appartient, votre travail, votre détermination et votre liberté. Et vous, les travailleurs de la General Electric, c'est vous qui faites fonctionner vos usines ; vous seuls êtes capables de produire ; sans vous, General Electric n'est rien !

Travailleurs du Québec, commencez dès aujourd'hui à reprendre ce qui vous appartient ; prenez vous-mêmes ce qui est à vous. Vous seuls connaissez vos usines, vos machines ; vos hôtels, vos universités, vos syndicats ; n'attendez pas d'organisation miracle.

Faites vous-mêmes votre révolution dans vos quartiers, dans vos milieux de travail. Et si vous ne le faites pas vous-mêmes, d'autres usurpateurs technocrates ou autres remplaceront la poignée de fumeurs de cigares que nous connaissons maintenant et tout sera à refaire. Vous seuls êtes capables de bâtir une société libre.

Il nous faut lutter, non plus un à un, mais en s'unissant, jusqu'à la victoire, avec tous les moyens que l'on possède comme l'ont fait les Patriotes de 1837-1838 (ceux que Notre sainte mère l'Église s'est empressée d'excommunier pour mieux se vendre aux intérêts britanniques).

Qu'aux quatre coins du Québec, ceux qu'on a osé traiter avec dédain de lousy French et d'alcooloques entreprennent vigoureusement le combat contre les matraqueurs de la liberté et de la justice et mettent hors d'état de nuire tous ces professionnels du hold-up et de l'escroquerie : banquiers, businessmen, juges et politicailleurs vendus !

Nous sommes des travailleurs québécois et nous irons jusqu'au bout. Nous voulons remplacer avec toute la population cette société d'esclaves par une société libre, fonctionnant d'elle-même et pour elle-même, une société ouverte sur le monde.

Notre lutte ne peut qu'être victorieuse. On ne tient pas longtemps dans la misère et le mépris un peuple en réveil.

Vive le Québec libre !
Vive les camarades prisonniers politiques !
Vive la révolution québécoise !
Vive le Front de libération du Québec !

(Samedi, 10 octobre 1970, 17 h 30) Le ministre de la Justice du Québec, Jérôme Choquette, annonce que les demandes du FLQ sont irrecevables mais que le gouvernement du Canada accepte de fournir aux ravisseurs des sauf-conduits vers un pays étranger en échange de la libération de James Richard Cross.
Samedi, 10 octobre 1970, 18 h 18) Un commando de 4 membres de la cellule Chénier du FLQ (Paul Rose, Jacques Rose, Francis Simard et Bernard Lortie) kidnappe Pierre Laporte, le ministre du Travail du Québec, en face de son domicile, au 725, rue Robitaille à Saint-Lambert ; les ravisseurs masqués et munis d'armes automatiques, emportent leur victime dans une automobile Chevrolet 1968 de couleur bleu foncé immatriculée 9J2 420.
(Dimanche, 11 octobre 1970) Le directeur du quotidien Le Devoir, Claude Ryan, convoque 4 membres séniors de son personnel à un meeting spécial pour discuter de trois éventualités
1) Bourassa adopte la ligne dure.
2) Bourassa, étant incapable d'agir, il faille créer un gouvernement provisoire formé des meilleurs éléments des principaux partis politiques provinciaux renforcé par des personnalités de différentes sources.
3) Bourassa n'adopte pas la ligne dure.

(Dimanche, 11 octobre 1970, 9 h) Ultimatum du FLQ fixant à 22 h, le soir même, le délai pour que le gouvernement rencontre les demandes de la cellule Libération.

Quant aux conditions exigées par le Front de libération du Québec, le gouvernement répond ce qui suit :

1. Il n'accepte pas l'élargissement des prisonniers énumérés par le Front de libération du Québec. Par ailleurs, il s'engage à recommander fermement la libération conditionnelle de cinq de ces prisonniers qui ont demandé une telle libération. Il a déjà entrepris des démarches à cet égard.
2. Les autorités concernées s'engagent à fournir un sauf-conduit aux membres des cellules du FLQ qui ont procédé à l'enlèvement de MM. Laporte et Cross.
3. Les mêmes autorités sont disposées à s'assurer qu'il y ait un avion aux fins de transport dans le pays choisi.
4. Enfin, pour ce qui a trait aux autres conditions, le gouvernement ne croit pas qu'il soit légitime de les accepter.

(Dimanche, 11 octobre 1970, 13 h) Un communiqué de la cellule Chénier, accompagné d'une lettre de Pierre Laporte à sa femme, menace de tuer Laporte si le gouvernement n'accède pas à toutes les demandes des ravisseurs.
(Dimanche, 11 octobre 1970, 17 h 10) Un autre communiqué de la cellule Chénier accompagné de la carte de crédit et d'une lettre de Pierre Laporte incitant Robert Bourassa à répondre favorablement aux demandes du FLQ.
(Dimanche, 11 octobre 1970, 21 h 55) Robert Bourassa demande, sur les ondes de la radio et de la télévision, de discuter avec les ravisseurs afin de s'assurer que la libération des prisonniers garantirait la sécurité des otages.

Lettre de Pierre Laporte remise par la cellule Chénier à Robert Bourassa le 10 octobre 1970 accompagnée d'une carte d'identité de monsieur Laporte.


Mon cher Robert,

J'ai la conviction d'écrire la lettre la plus importante de toute ma vie. Pour le moment, je suis en parfaite santé. Je suis bien traité, même avec courtoisie. J'insiste pour que la police cesse toutes ses recherches pour me retrouver. Si elle y parvenait, cela se traduirait par une fusillade meurtrière, dont je ne sortirais certainement pas vivant. Cela est absolument capital. Tu as le pouvoir, en somme, de décider de ma vie. S'il ne s'agissait que de cela et que le sacrifice doive avoir de bons résultats, on pourrait y penser. Mais nous sommes en présence d'une escalade bien organisée, qui ne se terminera qu'avec la libération des «prisonniers politiques». Après moi, ce sera un troisième, puis un quatrième et un vingtième. Si tous les hommes politiques sont protégés, on frappera ailleurs, dans d'autres classes de la société. Autant agir tout de suite et éviter ainsi un bain de sang et une panique bien inutiles. Tu connais mon cas personnel, qui mérite de retenir l'attention. J'avais deux frères ; ils sont morts tous les deux. Je reste seul comme chef d'une grande famille qui comprend ma mère, mes soeurs, ma propre femme et mes enfants ainsi que les enfants de Roland dont je suis le tuteur. Mon départ sèmerait un deuil irréparable, car tu connais les liens qui unissent les membres de ma famille. Ce n'est plus moi seul qui suis en cause mais une douzaine de personnes, toutes des femmes et de jeunes enfants. Je crois que tu comprends ! Si le départ des prisonniers politiques est organisé et mené à bonne fin, j'ai la certitude que ma sécurité personnelle sera absolue. La mienne... et celle des autres qui suivraient. Cela pourrait se faire rapidement, car je ne vois pas pourquoi en mettant plus de temps on continuerait à me faire mourir à petit feu dans l'endroit où je suis détenu.

Décide... de ma vie ou de ma mort... Je compte sur toi et t'en remercie.

Amitiés,

Pierre Laporte.

P.S. Je te répète, fais cesser les recherches. Et que la police ne s'avise pas de continuer sans que tu le saches. Le succès de cette recherche serait un arrêt de mort pour moi.

(Lundi, 12 octobre 1970, 14 h 10) Un communiqué de la cellule Libération accompagné d'une lettre de James Richard Cross annonce que ce dernier est vivant et indique que l'avocat Robert Lemieux agirait comme intermédiaire des cellules Chénier et Libération avec les autorités. Robert Bourassa nomme un négociateur, l'avocat Robert Demers, et demande au FLQ d'entreprendre des pourparlers. Le FLQ accepte le dialogue et nomme l'avocat Robert Lemieux, pour le représenter. Des troupes de combat des Forces armées canadiennes quittent Petawawa pour Ottawa pour assurer la sécurité des députés fédéraux et des diplomates.
(Mardi, 13 octobre 1970, 15 h) Les négociations commencent entre Robert Lemieux et Robert Demers. (18 h) Robert Lemieux, flanqué de Pierre Vallières, Charles Gagnon et Michel Chartrand, annonce que les négociations sont suspendues parce qu'il n'a pas le mandat de discuter de la demande du gouvernement d'échanger des otages qui seraient retenus jusqu'à la libération de Laporte et Cross.
Paul Rose se défigure et se déguise en vieil homme pour éviter la police qui le surveille et il se sauve dans l'automobile de Fernand Venne.
(Mercredi, 14 octobre 1970, 9 h) Seize personnalités en vue du Québec, dont René Lévesque, Camille Laurin, Jacques Parizeau, Alfred Rouleau, Claude Ryan, Louis Laberge, Fernand Daoust, Marcel Pepin, Yvon Charbonneau, Fernand Dumont, Guy Rocher, Jean-Marc Kirouac, demandent au gouvernement de négocier la libération des deux otages (Laporte et Cross).
(Mercredi, 14 octobre 1970, 5 h) Un message de la cellule Libération approuvé par la cellule Chénier donne carte blanche à Robert Lemieux, indique le refus de fournir des otages, mais suggère que le pays qui les accueillera les détiendra de même que la rançon jusqu'à la libération de Laporte et Cross.
(Mercredi, 14 octobre, 14 h) Robert Lemieux et Robert Demers reprennent les discussions.
(Jeudi, 15 octobre 1970) L'Assemblée nationale adopte une loi qui contraint les médecins spécialistes en grève à rentrer au travail.
Robert Lemieux rompt les discussions avec Robert Demers.
Les professeurs et les étudiants des universités et des cégeps se mettent en grève pour soutenir le FLQ.
À l'instigation de Michel Chartrand, Robert Lemieux et Pierre Valières, près de 1 000 étudiants de l'Université de Montréal signent le manifeste du FLQ.
(Jeudi, 15 octobre 1970, 14 h) En vertu de l'article concernant le pouvoir civil de la Loi de la Défense nationale, le Gouvernement de Robert Bourassa demande l'appui des Forces armées canadiennes à la Sûreté du Québec ; 8 000 soldats sont déployés à Montréal et à Québec pour protéger les édifices publics.
(Jeudi, 15 octobre 1970, 18 h) L'Assemblée adopte une loi qui ordonne aux médecins spécialistes de retourner au travail.
(Jeudi, 15 octobre 1970, 21 h 15) Robert Bourassa émet un communiqué par lequel il oppose un non catégorique au FLQ tout en offrant, en échange de la libération de Cross et Laporte, un sauf-conduit aux ravisseurs pour quitter le Canada vers l'Algérie ou Cuba.
(Jeudi, 15 octobre 1970, en soirée) Robert Bourassa répond fermement qu'il refuse de libérer les prisonniers, sauf ceux qui ont déjà demandé leur libération conditionnelle à laquelle ils avaient droit. Il s'engage cependant à fournir un sauf-conduit aux membres des cellules felquistes et à mettre un avion à leur disposition pour qu'ils puissent se rendre dans le pays de leur choix, à condition qu'ils libèrent les otages et il leur donne six heures pour prendre contact avec lui. Une assemblée réunit 3 000 personnes sympathisantes du FLQ au Centre Paul-Sauvé de Montréal. Une rumeur circule à l'effet que l'éditeur du Devoir, Claude Ryan songeait à écarter Bourassa du pouvoir ; selon cette rumeur, il en aurait parlé avec Jean Drapeau, Lucien Saulnier et d'autres personnes ; Drapeau se présentant comme l'homme à la poigne solide serait garant de la loi et de l'ordre ; quelques jours plus tard, Drapeau gagnera les élections générales à la mairie et au Conseil de la ville de Montréal avec 94 % des voix.
(Vendredi, 16 octobre 1970 , 3 h 15) Le premier ministre Trudeau reçoit des lettres du premier ministre du Québec, Robert Bourassa, et du maire de Montréal, Jean Drapeau, qui indiquent au gouvernement fédéral qu'un état d'insurrection appréhendée existe dans la province et lui demandent de proclamer la Loi des mesures de guerre.
(Vendredi, 16 octobre 1970, 4 h) Le gouvernement fédéral proclame la Loi des mesures de guerre et adopte les décrets nécessaires à son application.
(Vendredi, 16 octobre 1970, 23 h) L'Assemblée nationale adopte la Loi créant l'Assurance santé du Québec.
Le gouvernement canadien dépose à la Chambre des communes les règlements décrétés en vertu de la Loi des mesures de guerre ; ces règlements stipulent que le FLQ est une organisation illégale, qu'il est interdit d'en être ou d'en avoir été membre ou membre d'une organisation similaire, de communiquer des déclarations de ces organisations illégales, de promouvoir les actions, les objectifs ou les principes des groupements comme le FLQ, de leur fournir des fonds ou de s'y associer avec eux ou tout autre groupement qui en fait la promotion ou s'engage dans des activités criminelles comme moyen de réaliser des changements d'ordre politique ; en vertu de cette loi la police peut, sans mandat, effectuer toute perquisition qu'elle juge nécessaire et incarcérer toute personne qu'elle soupçonne d'être associée au FLQ.
Les Forces armées canadiennes reçoivent l'ordre de se mettre à la disposition des forces de police dirigées par le directeur de la Sûreté du Québec.
On arrête sans mandat, 497 personnes dont 62 seulement seront mises en accusation et 18 seront reconnues coupables et condamnées pour complicité avec et assistance au FLQ.
Parmi les personnes ainsi arrêtées au cours de la nuit du 16 octobre 1970, puis détenues sans qu'aucune accusation ne soit portée contre elles, on trouve :
Frédéric Bastien ; alors étudiant en lettres à l'Université de Sherbrooke. (En 2020, Bastien, qui est candidat à la direction du Parti Québécois, déclare qu'il n'a jamais été membre d'une association nommée Front de libération du Québec-FLQ.
Gaétan Dostie, arrêté en pleine nuit le 16 octobre 1970 (Dostie ne sera accusé de rien).
Gérald Godin, poète et membre du mouvement indépendantiste du Québec ; durée de l'emprisonnement : 7 jours.
Pauline Julien, chanteuse populaire, membre du mouvement indépendantiste du Québec ; durée de l'emprisonnement : 7 jours.
Gaston Miron, poète et éditeur.
(Vendredi 16 octobre 1970, minuit) L'Assemblée nationale adopte les trois lectures de la Loi créant l'Assurance maladie au Québec.
(Samedi, 17 octobre 1970, 19 h) Un appel téléphonique anonyme annonce qu'un colis a été laissé à l'aéroport de Saint-Hubert.
(Samedi, 17 octobre 1970, 20 h 15) Un second appel anonyme répète le message de 19 h à la station de radio CKAC.
(Samedi, 17 octobre 1970, 21 h 30) Un troisième appel téléphonique anonyme indique qu'un communiqué serait trouvé près du théâtre Port-Royal de la Place des Arts ; ce communiqué indique que Pierre Laporte avait été exécuté et que son corps se trouvait dans le coffre arrière d'une voiture de marque Chevrolet immatriculée 9J2 420 abandonnée près de l'aéroport de Saint-Hubert (Longueuil).
(Samedi, 17 octobre 1970, 22 h 20) Michel Saint-Louis, un reporter de la station de radio CKAC, trouve la voiture Chevrolet et en informe la police.
(Samedi, 17 octobre 1970, 22 h 25) Le corps de Pierre Laporte est découvert dans le coffre de la voiture Chevrolet qui avait servi à son enlèvement. Le premier ministre du canada s'adresse aux Canadiens par le discours suivant :

Déclaration télédiffusée du Premier ministre Pierre Elliott Trudeau tel que reproduit dans Le Devoir du 17 octobre 1970.

Les heures que nous vivons sont d'une gravité exceptionnelle. Un groupe d'extrémistes a décidé de s'attaquer par la violence et le trerrorisme à la liberté et à l'unité du pays. Des menaces pèsent sur la vie de deux hommes innocents. Ces questions sont extrêmement sérieuses, et je me dois de vous entretenir de la situation et des mesures que le gouvernement a prises pour y faire face.

Ce qui s'est produit à Montréal, au cours des deux dernières semaines, n'est pas sans précédent. Cela est arrivé ailleurs dans le monde à plusieurs reprises, et pourrait se produire dans d'autres régions du pays. Mais les Canadiens ont toujours cru que de tels événements ne pourraient survenir ici ; c'est pourquoi nous en sommes si bouleversés.

Notre présomption était peut-être naïve, mais elle s'expliquait aisément parce que la démocratie est solidement enracinée chez nous, et parce que nous avons toujours attaché le plus grand prix à la liberté individuelle.

En dépit de ce climat - et peut-être en partie à cause de lui, - voici qu'il suffit de quelques exaltés pour nous révéler à quel point peut être fragile une société démocratique lorsque la démocratie n'est pas préparée à se défendre, et combien peut être vulnérable au chantage, un peuple foncièrement humain et tolérant.

Injustices sociales

Les gouvernements du Canada et du Québec se sont fait dire par des groupes de révolutionnaires que, si l'on ne donne pas suite à leurs demandes, deux hommes seront assassinés. Les ravisseurs prétendent agir ainsi pour attirer l'attention sur des cas d'injustice sociale. Mais l'attention de qui veulent-ils attirer ? Celle du gouvernement du Canada ?, Celle du gouvernement du Québec ? Tous les gouvernements du pays sont parfaitement conscients qu'il existe des problèmes sociaux à la fois graves et complexes. Et chaque gouvernement au mieux de ses ressources et possibilités, s'attache à y trouver des solutions. Et l'on doute de la bonne foi ou de la compétence de tel ou tel gouvernement, les partis d'opposition, ou tout nouveau groupe politique, sont là, qui ne demandent pas mieux que d'avoir l'occasion de gouverner. Bref, partout au Canada, on peut se prévaloir des moyens pacifiques pour changer le gouvernement. Les citoyens y ont eu recours maintes et maintes fois.

Ces victimes qui ont été enlevées, qui sont-elles ? Pour les familles éprouvées, ce sont des maris et des pères. Pour les ravisseurs, ils ne sont que des moyens de chantage. Ces ravisseurs en effet auraient pu s'emparer de n'importe qui, de vous, de moi, ou même d'un enfant. Leur but est d'exploiter les sentiments de compassion que nous ne pouvons pas manquer d'éprouver dans de telles circonstances, et de forcer cette sympathie à servir la violence de leurs ambitions révolutionnaires.

Demandes du FLQ

Qu'est-ce que demandent ces gens en retour de la vie de leurs otages ? Plusieurs choses. Entre autres, ils exigent que soient publiquement étalés leurs griefs, comme s'il suffisait de lancer des slogans et des injures pour régler les problèmes de l'univers et pour rallier l'opinion à leur cause.

Ils exigent aussi que leur soit sacrifiée par la police une personne qui aurait, selon eux, contribué à l'arrestation légale de criminels et à la juste condamnation de certains criminels de leurs amis.

Ils exigent aussi de l'argent.

Ils exigent encore plus. Que soient libérés de prison 17 criminels et que soient retirées les accusations portées contre 6 autres hommes, les uns et les autres étant qualifiés par eux de «prisonniers politiques». Qui sont-ils, ces individus qu'on voudrait nous faire passer pour des patriotes et des martyrs. ? Je vais vous le dire.

Qui sont-ils ?

Trois d'entre eux ont été condamnés pour meurtre ; cinq autres ont été mis en prison pour homicide involontaire ; un autre a été condamné à perpétuité après s'être reconnu coupable de nombreux délits en rapport avec des explosions à la bombe ; un autre encore a été déclaré coupable de 17 vols à main armée ; deux autres ont été libérés sur parole, mais sont de nouveau incarcérés et subiront leur procès sous des inculpations de vol.

Et on voudrait nous faire croire que ces gens ont été victimes d'injustices, qu'ils ont été emprisonnés à cause de leurs opinions politiques et qu'ils méritent d'être libérés.

La responsabilité de décider si l'un ou l'autre de ces prisonniers devrait être élargi appartient au gouvernement fédéral. C'est une responsabilité que le gouvernement assumera conformément aux dispositions de la loi. Mais céder aux pressions de ces ravisseurs qui exigent l'élargissement des détenus ne serait pas seulement abdiquer cette responsabilité, mais provoquerait un accroissement de l'activité terroriste au Québec. Ce serait en outre encourager le terrorisme à travers le pays et risquer d'y voir se multiplier les enlèvements.

Les otages

Le FLQ détient comme otages dans la région de Montréal deux hommes, un diplomate britannique et un ministre du gouvernement québécois. On menace de les assassiner. Si les gouvernements cédaient à ce grossier chantage, la loi de la jungle finirait alors par supplanter nos institutions juridiques, qui se désagrégeraient graduellement. Car enfin, si, comme certains le suggéraient, on avait accédé cette fois-ci aux exigences des terroristes, quitte à exercer 'la prochaine fois' une sévérité et une vigilence accrues, on n'aurait fait que retarder l'échéance. Demain, la victime aurait été un gérant de caisse populaire, un fermier, un enfant. C'aurait été, dans tous les cas, un membre de votre famille.

Est-ce alors seulement qu'il aurait fallu s'opposer au chantage ? Combien d'enlèvements aurait-il fallu avant de dire non aux ravisseurs ? L'histoire ne nous a-t-elle pas suffisamment éclairés sur ces pays qui ont payé cher une complaisance de cet ordre trop longtemps entretenue ? En décidant de prévenir une telle éventualité, le gouvernement n'entend pas seulement défendre un principe important, il veut protéger des périls auxquels j'ai fait allusion, la vie de tous les citoyens. Les lois sont faites pour sauvegarder la liberté et la sécurité de chacun ; encore faut-il, pour être efficaces que ces lois soient respectées.

C'est le devoir des gouvernements de s'opposer aux exigences des ravisseurs, mais il ne fait aucun doute que ce sont les ravisseurs qui ont la vie des otages entre leurs mains. Il faudrait une logique absolument aberrante pour penser autrement. Rien de ce que les gouvernements du Canada et du Québec ont fait, ou n'ont pas fait, n'excuserait jamais le moindre tort que pourrait subir l'un ou l'autre de ces deux hommes innocents. Ceux qui ont le doigt sur la gâchette, ce sont les membres du FLQ. Rien ne saurait donc justifier le mal qui pourrait être fait à ces deux hommes et, si par malheur, quelque chose leur arrivait, le gouvernement pourchassera sans relâche les coupables.

Québec et Ottawa se consultent

Au cours des douze derniers jours, les Gouvernements du Canada et du Québec se sont constamment consultés. La ligne de conduite qui a été adoptée a reçu l'appui complet des deux gouvernements et des autorités municipales de Montréal. Dans le but de sauver la vie de monsieur Cross et de monsieur Laporte, nous avons établi un contact indirect avec les ravisseurs,

Les ravisseurs n'ont pas encore accepté notre offre de sauf-conduit vers un pays de leur choix en retour de la libération des otages. Ils n'ont pas encore accepté non plus l'offre du gouvernement du Québec de recommander la libération conditionnelle de cinq détenus éligibles à ce privilège.

Si nous avons offert un sauf-conduit, c'est uniquement parce que M. Cross et M. Laporte pourraient identifier leurs ravisseurs et contribuer à leur éventuelle condamnation. De cette façon, nous éliminons donc les motifs que ces derniers pourraient avoir de faire mourir leurs otages.

Un cancer

Pour survivre, toute société démocratique doit pouvoir se débarrasser du cancer que représente un mouvement révolutionnaire armé, voué à la destruction des fondements mêmes de notre liberté.

Pour cette raison, après avoir examiné la situation, et compte tenu des requêtes du gouvernement du Québec et de la Ville de Montréal, le gouvernement du Canada a décidé de proclamer la Loi des mesures de guerre. Ceci a été fait à 4 heures ce matin, afin de permettre aux autorités de prendre immédiatement les dispositions nécessaires pour tenir en échec tous ceux qui préconisent la violence, ou l'exercent à des fins politiques.

La Loi sur les mesures de guerre accorde au gouvernement des pouvoirs très étendus. Elle met aussi en suspens l'application de la Déclaration canadienne des droits de l'homme. Je peux vous assurer que ce n'est pas de gaieté de coeur que le gouvernement assume de tels pouvoirs. Il ne s'y est résolu que lorsqu'il est devenu évident que la situation ne pouvait être maîtrisée autrement. Les pouvoirs que leur confère la Loi sur les mesures de guerre permettront aux gouvernements de parer aux dangers très graves que représentent pour la société les organisations terroristes. Le droit criminel, dans son état actuel, est insuffisant face à l'action du terrrorisme systématique.

Pouvoirs extraordinaires

Par conséquent, il a été accordé à la police certains pouvoirs extraordinaires qui lui permettront de faire un travail de détection plus efficace, et d'éliminer le FLQ ou tout (sic) autres groupes préconisant l'usage de la violence à des fins politiques. Ces groupes et l'appartenance à de tels groupes ont été déclarés illégaux. Ces pouvoirs comprennent le droit de procéder sans mandat à des perquisitions ou à des arrestations, de détenir des suspects sans avoir à porter immédiatement des accusations précises, et de recourir à la détention sans cautionnement.

Ce sont là de très amples pouvoirs qui ne me sourient pas plus qu'à vous, j'en suis sûr. Mais, sans eux, la police ne pourrait pas avoir raison de ces individus qui se sont voués au renversement de notre régime démocratique par la violence.

Le gouvernement est conscient de sa grave responsabilité en intervenant dans l'exercice de certaines libertés, et répondra de ses actions devant le peuple. D'autre part, il révoquera cette proclamation le plus tôt possible compte tenu de son obligation de protéger l'État contre l'insurrection.

Comme je l'indiquais à la Chambre des communes ce matin, le gouvernement prévoit un laps de temps suffisant pour déterminer quel devrait être le contenu d'une loi qui conviendrait aux circonstances présentes. J'ai fermement l'intention de discuter avec les chefs des partis de l'Opposition l'opportunité de présenter une loi de portée plus restreinte que celle de la Loi des mesures de guerre. À cet égard, je les ai prié d'offrir des propositions positives relativement à l'amendement du règlement adopté la nuit dernière. l'inclusion possible de telles propositions dans la nouvelle loi sera prise en sérieuse considération.

Protection du peuple

Le peuple doit être protégé contre les menées de fanatiques capables de tout, même de crimes les plus odieux, qu'ils tendent de faire passer pour des actes d'héroïsme.

La menace des terroristes du FLQ est tout à fait disproportionnée à leur nombre. Cela tient à ce qu'ils agissent dans la plus totale clandestinité et que nous les savons en possession d'une quantité considérable de dynamite.

Je sais que le fait d'acculer le gouvernement à des mesures d'exception peut devenir un piège tendu à l'État par les extrémistes. C'est une tactique bien connue des mouvements qui tentent de détruire la société par la violence que de pousser les gouvernements à durcir leurs attitudes. Les extrémistes invoquent ensuite ces apparences d'autoritarisme pour justifier une recrudescence de leurs attaques contre les structures sociales. Les décisions que le gouvernements ont dû prendre ont été prises en réponse au terrorisme. Ce sont les extrémistes qui ont amorcé ce processus ; ce sont eux qui ont eu recours à la bombe, au meurtre et à l'enlèvement. Je suis convaincu que le public ne sera pas dupe de cette stratégie.

Forces armées

Pour parer au sérieux danger d'attentats et d'explosion de bombes dans les installations et le édifices publics, le Gouvernement du Québec a sollicité la présence des Forces armées canadiennes qui prêteront assistance à la police en plusieurs endroits de la province. Dès hier, ces troupes étaient rendues à destination.

Malheureusement, la violence n'est pas étrangère à la décennie qui commence. Le discours inaugurant la présente session du Parlement, il y a quelques jours, précisait que nous vivons à une époque de tension profonde. De plus, nous ne devons pas oublier que la violence est souvent le symptôme d'un malaise social aigu. Le gouvernement s'est engagé à présenter un ensemble de projets de loi qui s'attaquera non seulement aux symptômes, mais aussi aux causes des problèmes sociaux qui souvent sont la source du crime et du désordre - et leur servent d'excuse.

Le terrorisme

Quant à ceux qui appuient les méthodes du FLQ, pensent-ils sérieusement que l'utilisation de la violence et du crime va valoir une plus grande justice sociale au Québec ? Le terrorisme va-t-il nous aider à réduire le nombre des chômeurs chez nous ? Va-t-il nous donner les ressources nécessaires pour venir en aide à ceux qui sont dans le besoin ? Va-t-il aider les jeunes à jouer pleinement leur rôle ? Poser la question , c'est y répondre. Tout ce que des méthodes comme celles du FLQ peuvent produire, c'est une aggravation, et non une diminution des injustices qui existent chez nous ; c'est une accentuation et non une réduction des maux, comme le chômage et la pauvreté, qui affligent notre peuple.

C'est dans cet esprit que j'avais déclaré à la Chambre des communes, il y a un an, que, pour apporter des changements à la société canadienne, il est absolument injustifié de recourir à la violence, contrairement à ce que prétendent certains esprits sectaires. Il y a peut-être des lieux dans le monde où la loi est si inflexible et si impitoyable qu'on peut songer à de tels recours. Mais ce n'est pas le cas chez nous. J'ajoutais alors - et je le répète, que ceux qui veulent défier la loi, sans égard aux moyens dont ils disposent pour faire redresser leurs torts et obtenir satisfaction, ceux-là ne seront pas entendus par le gouvernement.

La peur

Il y a trop de violence au pays. au nom de la révolution, depuis quelque douze mois. Nous commençons à en percevoir les conséquences. Ceux qui ont recours à la violence attisent délibérément la haine parmi nous. Et ils le font au moment précis où, pour édifier la société que nous voulons tous, il est impérieux que le pays, oubliant toute animosité, fasse preuve de tolérance et de compréhension. Et pourtant, ceux qui méprisent le cours normal des lois s'exposent à voir les honnêtes gens, dans la colère et la peur, durcir leurs positions et se refuser à tout changement, voire à toute amélioration. Car la peur tend à inhiber l'esprit de tolérance et le sens de la justice.

Le gouvernement, lui, n'agit pas sous l'effet de la peur. Il agit pour empêcher la peur de se propager. Il agit pour maintenir l'autorité de la loi sans laquelle la liberté n'est plus possible. Il agit pour faire comprendre aux ravisseurs, aux révolutionnaires et aux assassins que, dans ce pays, ce sont les représentants élus qui font les lois et qui les modifient - et non pas une poignée d'aspirants dictateurs. Car ceux-là qui cherchent à s'emparer du pouvoir par la terreur, si jamais ils y parvenaient, régneraient par la terreur. Le gouvernement agit donc pour protéger vos libertés et vos vies.

MM. Laporte et Cross

Il agit également pour que M. Cross et M. Laporte soient libérés sains et saufs. C'est au nom de millions de Canadiens que je dis à leurs femmes et à leurs familles courageuses combien profondément nous sympathisons avec elles pendant cet horrible cauchemar. Nos voeux et nos prières les accompagnent.

Le Canada demeure l'un des pays les plus sains et les plus civilisés du monde. Si nous savons être fermes, nous aurons tôt fait de venir à bout de la situation présente, et nous pourrons déclarer avec fierté, comme nous l'avons si longtemps fait, que s'il y a place chez nous pour l'opposition et la dissidence, il n'y en a pas pour l'intimidation et la terreur.

Il arrive rarement dans l'histoire d'un pays que tous les citoyens doivent prendre position sur des problèmes cruciaux. C'est ce qui nous arrive.

Ceux qui ont déclenché cette série d'événements dramatiques l'ont fait dans le dessein de briser notre société et de déchirer notre pays ; c'est le contraire qui arrivera, j'en suis sûr. Le résultat de leur action ce sera une société plus forte, dans un pays plus uni. Ils voulaient nous diviser, ils auront fait notre union.

Je comprends l'inquiétude de tant de Canadiens. Plusieurs d'entre vous sont bouleversés, et cela s'explique. Je veux vous assurer que les autorités ont la situation en main. Nous faisons tout ce qui doit être fait. Tous les niveaux de gouvernement au pays sont prêts à agir dans l'intérêt du salut public.

(13 février 1970, quelques minutes avant 15 h) Une explosion ébranle l'édifice de la Bourse de Montréal où travaillaient plus de 300 personnes.
(Samedi, 22 février 1970, vers 23 h) Une autre attaque à la bombe, cette fois au Club de réforme, club privé du Parti libéral situé au 82 de la rue Sherbrooke Ouest à Montréal.
(Dimanche, 18 octobre 1970) Émission de mandats d'arrestation contre Paul Rose et Marc Carbonneau soupçonnés d'avoir kidnappé Pierre Laporte. Depuis la proclamation de la Loi des mesures de guerre, 343 personnes ont été arrêtées dont une vingtaine seulement ont été relâchées.
(Dimanche, 18 octobre 1970, 13 h) Un message de James Cross reçu à la station de radio CKLM indique que celui-ci est encore vivant.
(Dimanche, 18 octobre 1970, 18 h) Le corps de Pierre Laporte est exposé au Palais de justice de Montréal, là où les terroristes du FLQ ont, depuis sept ans, été accusés et condamnés. Le gouvernement du Québec réitère son offre de sauf-conduit aux ravisseurs de James Richard Cross et indique que le gouvernement de Cuba accepte de les accueillir.
(Dimanche le 18 octobre 1970, 19 h) 307 personnes sont arrêtées et mises sous verroux en vertu de la Loi des mesures de guerre ; 180 ont été arrêtées à Montréal, 4 à Sherbrooke, 14 à Hull, 11 à Joliette, 3 à Rouyn-Noranda, 56 à Québec, 13 à Chicoutimi, 24 à Rimouski et 2 à Victoriaville

(Vendredi, 16 octobre 1970) Le gouvernement du Canada dépose la Loi sur les mesures de guerre pour justifier le déploiement de l'armée canadienne dans la provincee de Québec et appuyer une vaste rafle policière au cours de laquelle 497 personnes suspectées de soutenir le FLQsont arrêtées. Toutes ces personnes s'avéreront innocentes.
(Lundi, 19 octobre 1970) La Chambre des communes adopte (170 voix contre 17) une motion qui ratifie les règlements adoptés par le Gouvernement fédéral en vertu de la Loi sur les mesures de guerre.
(Lundi, 19 octobre 1970, 02 h) La police découvre l'endroit où Pierre Laporte a été détenu par le FLQ, au 5630, rue Armstrong, à Saint-Hubert (Longueuil). Dans une déclaration à la radio et à la télévision, Robert Bourassa s'exprime ainsi :
Mes chers compatriotes,

Le Québec traverse aujourd'hui l'un des moments les plus dramatiques de son histoire. Nous sommes tous profondément affligés par le crime inqualifiable qui a été commis hier contre un homme dont le plus grand tort, aux yeux de ses assassins, était d'avoir été élu démocratiquement et de servir le peuple dans une tâche difficile et importante.
Pierre Laporte a été une victime de la haine, une haine criminelle que n'avaient pas encore connue les Québécois et les Canadiens. Il a payé de sa vie la défense des libertés fondamentales...
Je dis à ces individus qui l'ont assassiné qu'ils sont à tout jamais indignes d'être québécois, indignes d'être des Canadiens français.
Ce meurtre ignoble d'un homme innocent est un témoignage du genre de société que voudraient établir ces mouvements. Mais quelques individus ne peuvent écraser la volonté de tout un peuple quelles que soient leur cruauté et l'ignominie de leur chantage. La foi dans le régime démocratique est trop profonde et trop authentique au Québec pour qu'elle se laisse détruire ainsi. Je denmande à tous les Québécois de rester calmes et de garder confiance dans leurs institutions. Le cup qui nous est porté aujourdhui, comme peuple, est terrible, mais c'est là un test pour notre sang-froid et notre ferme détermination à faire triompher la justice et la liberté.
Le gouvernement que je dirige ne se laissera pas abattre par une telle épreuve. Il y fera face de la façon la plus ferme...
C'est ensemble, et seulement ensemble, que nous allons surmonter cette crise. J'ai confiance que nous le pouvons parce que nous sommes des Québécois.

(Mardi, 20 octobre 1970, 16 h) Funérailles à l'église Notre-Dame de Montréal et inhumation du corps de Pierre Laporte au cimetière de la Côte-des-Neiges.
(Mercredi, 21 octobre 1970, 10 h) Le coroner indique que Pierre Laporte a été étranglé le 17 octobre, entre 12 h et 23 h, avec la chaînette porte-médaille qu'il portait au cou.
(Jeudi, 22 octobre 1970) Des mandats d'arrestation sont émis contre Jacques Rose, manoeuvre de 23 ans, Francis Simard, manoeuvre de 23 ans, et Bernard Lortie, étudiant de 19 ans, soupçonnés de participation à l'enlèvement et au meurtre de Pierre Laporte. Libération de 48 des 170 personnes encore détenues par la police.
(Dimanche, 25 octobre 1970) Le Parti Civique du maire Jean Drapeau remporte les 52 sièges du conseil municipal de Montréal lors de l'élection générale pour le remplacement du maire et des conseillers.
(2 novembre 1970) Les règlements adoptés en vertu de la Loi des mesures de guerre sont remplacés par la Loi de l'Ordre public (mesures temporaires) jusquau 30 avril 1971.
Les gouvernements du Québec et du Canada offrent une récompense de 150 000 $ pour des renseignements qui permettraient l'arrestation des ravisseurs de Laporte et de Cross.
(5 novembre 1970) Comparution de 24 des personnes (dont, entre autres, Michel Chartrand, Jacques Larue-Langlois, Pierre Vallières et Charles Gagnon) appréhendées lors de la mise en vigueur de la Loi des mesures de guerre.
(6 novembre 1970) Arrestation de Bernard Lortie qui révèle comment, lui, Paul Rose, Jacques Rose et Francis Simard avaient kidnappé Pierre Laporte, mais qu'il ne sait rien de la mort de ce dernier ni de l'enlèvement de James Richard Cross.
(7 novembre 1970) Arrestation de Richard Therrien, étudiant en droit, et de Colette Therrien, sa soeur et amie de Paul Rose, qui avaient caché les ravisseurs de Pierre Laporte dans leur appartement de la rue Queen Mary à Montréal, et avaient diffusé des communiqués du FLQ.
(25 novembre 1970) La police découvre l'endroit où James Richard Cross est détenu, au 10945, rue des Récollets à Montréal ; elle découvre, le même jour, la maison de campagne de Michel Viger au rang des Grands Prés à Saint-Luc.
(Décembre 1970) La Loi des mesures de guerre est remplacée par la Loi sur l'ordre public.
(2 décembre 1970) L'automobile grise de marque Chrysler utilisée pour l'enlèvement de James Richard Cross est découverte dans le garage de la maison de la rue des Récollets ; des centaines de soldats et policiers encerclent la maison de la rue des Récollets. Arrestation de Jacques Cossette-Trudel et de Suzanne Lanctôt,son épouse

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(3 décembre 1970) Après des négociations, Yves Langlois, Marc Carbonneau, Jacques Lanctôt, Me Mergler, et James Richard Cross sortent de la maison de la rue des Récollets dans la Chrysler qui se dirige vers le pavillon du Canada à Terre des Hommes déclaré territoire cubain pour la circonstance ; rejoints à cet endroit par Jacques Cossette-Trudel, son épouse, Suzanne Lanctôt, et leur fils de 20 mois, les ravisseurs se dirigent vers Dorval d'où il s'envolent vers Cuba à bord d'un avion Yukon des Forces armées canadiennes.
(4 décembre 1970, 2 h.) Les ravisseurs de James Richard Cross étant arrivés à Cuba, ce dernier est officiellement libéré.
(12 décembre 1970) Un sondage Gallup révèle que 87 % des Canadiens approuvent l'imposition de la Loi des mesures de guerre, que 6 % la désapprouve et que 7 % sont indécis à ce sujet ; chez les Canadiens anglais les proportions étaient les suivantes : 89 %, 6 % et 5 % ; chez les Canadiens-Français elles étaient comme suit : 86 %, 9 % et 5 %.
(22 décembre 1970) Arrestation de Denise Quesnel, Hélène Quesnel, Robert Dupuis, Louise Verreault, Claude Larivière, Yves Roy et Michel Viger.
(23 décembre 1970) Les Forces armées canadiennes rentrent dans leurs casernes.
(28 décembre 1970) Arrestation de Paul Rose, Jacques Rose et Francis Simard dans le sous-sol d'une maison de ferme de Saint-Luc appartenant à Michel Viger ; il sont accusés de l'enlèvement et du meurtre de Pierre Laporte.

1971
(4 janvier 1971) Les Forces armées canadiennes quittent Montréal et Québec. Un document non signé par Francis Simard est déposé en Cour dans lequel il déclare qu'en sa présence, Paul Rose et Jacques Rose ont étranglé Laporte, puis ont mis son cadavre dans le coffre d'une automobile laissée à Saint-Hubert le 17 octobre 1970.
(20 janvier 1971) Plus de 1 500 personnes manifestent pour la libération des prisonniers politiques (sic) et protestent contre l'ingérence politique dans le système judiciaire à la suite des événements d'octobre 1970.
(25 janvier 1971) La demande de Paul Rose pour que son avocat, Robert Lemieux, soit libéré de prison pour venir le représenter dans son procès pour meurtre devant la Cour du banc de la Reine est refusée ; au juge Marcel Nichols qui venait de rendre cette décision, il dit «Quand le FLQ en aura fini avec vous, il y aura peut-être quelques mains sales mais les places publiques seront propres».
(3 février 1971) Le ministre fédéral de la Justice, John Turner, rapporte que des 497 personnes arrêtées en vertu de la Loi des mesures de guerre, 435 ont été relâchées, 62 ont été accusées et 32 sont détenues.
(12 février 1971) Les accusations de complot portées contre Michel Chartrand, Robert Lemieux, Pierre Vallières, Charles Gagnon et Jacques Larue-Langlois sontrejetées à cause d'ereurs techniques, mais les accusations d'appartenance au FLQ demeurent.
(15 au 19 février 1971) Robert Lemieux, Michel Chartrand, Pierre Vallières et Charles Gagnon sont libérés.
(8 mars 1971) Une confession non signée de Paul Rose faite devant deux agents de police est déposée en Cour ; il affirme que les frères Rose et Francis Simard étaient présents dans la maison de la rue Armstrong quand l'un d'eux a étranglé Pierre Laporte.
(13 mars 1971) Paul Rose (cellule Chénier du Front de libération du Québec-FLQ), Jacques Rose et Francis Simard sont trouvés coupables de l'enlèvement et du meurtre de Pierre Laporte ; Paul Rose est condamné à l'emprisonnement à perpétuité.
(29 mars 1971) François-Mario Bachand est abattu à Paris de 2 balles de calibre .22 à la tête.
(Avril 1971) Ayant plaidé coupables à l'accusation de complicité après le fait, Richard Therrien et sa soeur, Colette Therrien, sont condamnés à un an de prison.
(30 avril 1971) L'état d'exception en vertu de la Loi sur l'ordre public cesse d'être en vigueur.
(20 mai 1971) Francis Simard est condamné à la prison à perpétuité.
(31 mai 1971) Cinq bombes explosent à Westmount ; trois personnes, dont une fillette, sont traitées à l'hôpital.
(14 juin 1971) Michel Viger est condamné à 8 ans de prison pour complicité avec les terroristes pour avoir aidé à cacher Jacques Rose, Paul Rose et Francis Simard.
(15 juin 1971) Un jury acquitte Charles Gagnon et Jacques Larue-Langlois de l'accusation d'appartenance au FLQ et de conspiration séditieuse en vue de renverser le gouvernement du Canada par la force.
(24 juin 1971) Libération de Pierre Vallières arrêté en vertu de la Loi des mesures de guerre.
(13 août 1971) La couronne suspend les accusations portées contre 32 personnes en vertu de la Loi des mesures de guerre.
(3 septembre 1971) Explosion d'une bombe du FLQ à la centrale de Bell Canada à Dorion (Vaudreuil-Dorion).
(4 septembre 1971) Charles Gagnon annonce qu'il abandonne le FLQ pour travailler à la création d'un parti révolutionnaire marxiste-léniniste. Pierre Vallières se détache du FLQ pour adhérer au Parti québécois-PQ.
(22 septembre 1971) Bernard Lortie est déclaré coupable de l'enlèvement de Pierre Laporte et est condamné à 20 ans de prison.
(26 septembre 1971) Suite à une mésentente sur le payement des heures supplémentaires travaillées durant la crise d'octobre 1970, les agents de la Sûreté du Québec quittent leurs postes et se réunissent au Cégep de Drummondville.
(27 septembre 1971) Le ministre du Travail Jean Cournoyer se rend à Drummondville et demande aux agents de la SQ de retourner au travail.
(28 septembre 1971, vers 7 h) Les agents de la SQ acceptent la médiation du ministre du Travail et retournent à leurs postes.
12 décembre 1971) Pierre Vallières annonce sa rupture avec le FLQ ; il préconise l'usage de moyens démocratiques pour continuer la lutte des travailleurs québécois.
1972
(24 janvier 1972) Pierre Vallières se rend à la police.
(25 janvier 1972) Pierre Vallières est remis en liberté sous conditions.
(Fin de mars 1972) L'Armée de libération du Québec effectue 2 hold-ups de financement dans une caisse populaire de l'Est de Montréal (17 500 $) et dans la succursale de Rosemere de la Banque provinciale du Canada (3 000 $).
(30 mars 1972) Descente de la police qui arrête Jacques Desormeaux, 27 ans, l'un des leaders du réseau La Cognée, André Normand, électricien ancien sergent dans l'armée française et Roger Normand, un mécanicien d'origine française ; les trois sont relâchés faute de preuve ; la police interroge Jean Goulet, un membre du Rassemblement pour l'indépendance nationale-RIN. Démembrement d'une cellule du FLQ formée de Jean Cloutier, 20 ans, étudiant en sciences de l'UdeM, de Louis-Philippe Aubert, 21 ans étudiant en droit de l'Université de Montréal, Bernard Mataigne, 19 ans, étudiant en sciences sociales de l'U.deM et rédacteur du Quartier latin, journal des étudiants tous deux militants du Parti socialiste ; dans un logement loué par le trio, la police découvre une dizaine de bâtons de dymnamite, des détonateurs et des exemplaires de La Cognée. Accusés de possession d'explosifs et du dynamitage de la voie ferrée à Sainte-Madeleine, Castonguay et Latour sont condamnés è 4 ans de prison et Laporte à 3 ans.
(9 décembre 1972) À la suite du refus de Bernard Lortie de témoigner, Jacques Rose est acquitté de l'accusation d'enlèvement de Pierre Laporte ; Bernard Lortie est condamné à 4 mois de prison pour refus de témoigner..
1973
(8-9 janvier 1973) un ou des individus entrent par effraction dans le local du Parti québécois et s'emparrent de la liste des membres du parti.
(23 février 1973) Après avoir entendu 66 témoins (les principaux acteurs ont refusé de témoigner) et 13 heures de délibération, un jury acquitte Jacques Rose de l'accusation de meurtre de Pierre Laporte.
(17 juillet 1973) À l'issue d'un quatrième procès, Jacques Rose (cellule Chénier du Front de libération du Québec-FLQ) est reconnu coupable de complicité après le fait du meurtre de Pierre Laporte, puis condamné à 8 ans de prison.
1974
(3 juin 1974) La Cour d'appel rejette l'appel de Jacques Rose de sa condamnation du 17 juillet 1973.
(18 juin 1974) Normand Roy, le fondateur de la cellule du FLQ Délégation du Québec à Alger est arrêté.
(26 juillet 1974) Robert Samson est grièvement blessé lorsque la bombe dont il est à activer le mécanisme de mise à feu explose dans ses mains près de la résidence de Mel Dobrin président des épiceries Steinberg ; on ne découvrira que plus tard que Samson est un agent du Service secret de la Gendarmerie royale du Canada-GRC.
(4 septembre 1974) l'agent Robert Samson est condamné à 60 jours de prison pour refus de témoigner.
(15 octobre 1974) l'agent Samson est reconnu responsable de l'explosion à la résidence de Melvin Dobrin.
1975 (Juin 1975) Normand Roy est condamné à 30 mois de prison ; il sera condamné en 1976 à 7 ans de prison.
1976
(15 novembre 1976) Élection du premier gouvernement souverainiste au Québec ; le Parti québécois remporte 41% des voix exprimées.
1977
(Mai 1977) Le ministre de la Justice du Québec, Marc-André Bédard confie à Me Jean-François Duchaîne le mandat de recueillir toutes les données se rapportant à la crise d'octobre 1970 auprès de toute personne, tout groupe, organisme policier et autres, susceptibles d'apporter un éclairage sur ces événements.
(16 juin 1977) Le gouvernement du Québec institue une commission d'enquête sur les agissements de la Gendarmerie au Québec ; elle sera présidée par Me Jacques Keable.
(6 juillet 1977) Le gouvernement du Canada institue une commission d'enquête sur certaines activités de la Gendarmerie royale du Canada ; elle sera présidée par le juge David McDonald et enquêtera pour le Gouvernement du Canada sur les événements sur lesquels Me Keable a été chargé d'enquêter par le Gouvernement du Québec.
(3 octobre 1977) Début de l'enquête présidée par Me Jacques Keable sur les agissements de la Gendarmerie au Québec.
(28 octobre 1977) Le ministre Francis Fox confirme que la GRC a perquisitionné illégalement dans les locaux du Parti québécois en 1972 afin d'y voler la liste de ses membres.
(27 novembre 1977) Francis Fox conteste la validité du mandat de la commission Kaeble sur les activités illégales de la GRC en Cour suprême du Canada.
(9 décembre 1977) La Cour suprême du Canada confirme la validité du mandat de la commission Keable.
1978
400 personnalités signent une pétition dans le quotidien Le Devoir demandant la libération «des prisonniers politiques (sic) du FLQ» y compris Paul Rose.
Des musiciens et artistes, dont Yvon Deschamps, Paul Piché, Michel Rivard, Richard Séguin, Marie-Claire Séguin, Gilles Vigneault et Félix Leclerc participent à un concert au bénéfice des prisonniers de la Crise d'octobre 1970.
Omer Latour est trouvé mort à Cuba.
(17 juillet 1978) Bernard Lortie (cellule Chénier du Front de libération du Québec-FLQ) reconnu coupable de l'enlèvement de Pierre Laporte, puis condamné à 20 ans de prison, obtient sa libération conditionnelle. Jacques Rose obtient sa libération conditionnelle.
(31 octobre 1978) La Cour suprême du Canada déclare que la Commission Keable n'a pas la compétence pour enquêter sur la Gendarmerie royale.
(13 décembre 1978) Jacques Cossette-Trudel et son épouse, Louise Lanctôt (cellule Libération du Front de libération du Québec-FLQ) reviennent au Québec, sont arrêtés et accusés de complot, d'enlèvement, tentative d'extorsion et de séquestration de Pierre Laporte.
1979
(11 janvier 1979) Jacques Lanctôt (cellule Libération du Front de libération du Québec-FLQ) revient au Québec ; il est arrêté, reconnu coupable de l'enlèvement de James Richard Cross, puis condamné à 3 ans de prison.
(7 août 1979) Ayant plaidé coupable de l'enlèvement de James Richard Cross, Jacques Cossette-Trudel et son épouse, Louise Lanctôt, sont condamnés à 2 ans de prison.
1980
Nigel Barry Hamer (cellule Libération du Front de libération du Québec-FLQ) est appréhendé, reconnu coupable de participation à l'enlèvement de James Richard Cross, puis condamné à un an de prison.
(20 mai 1980) Tenue du référendum sur la souveraineté-association ; la proposition du gouvernement reçoit l'appui de 40,4% des votants.
(9 octobre 1980) Le rapport Duchaîne, commandé par le gouvernement du Parti québécois, conclut que les événements d'octobre 1970 ont servi de prétexte à la répression.
1981
(2 janvier 1981) La Commission nationale des libérations conditionnelles refuse la demande de libération de Paul Rose qui a purgé le tiers de sa peine.
(15 février 1981) Libération sous conditions de Pierre-Paul Geoffroy après 12 ans d'emprisonnement.
(6 mars 1981) Dépôt du rapport de la Commission Keable.
(11 mai 1981) Marc Carbonneau (cellule Libération du Front de libération du Québec-FLQ) revient au Québec ; il est arrêté, reconnu coupable de l'enlèvement de James Richard Cross, puis sera condamné le 23 mars 1982 à 20 mois de prison et à 3 années de probation.
(Fin de l'année 1981) Francis Simard, reconnu coupable de l'enlèvement et du meurtre de Pierre Laporte, puis condamné à la prison à vie, obtient sa libération conditionnelle.
1982
(27 septembre 1982) Revenu au Québec, Yves Langlois (cellule Libération du Front de libération du Québec-FLQ) est arrêté, reconnu coupable de l'enlèvement de James Richard Cross, puis condamné à 2 ans moins un jour de prison.
(20 décembre 1982) Paul Rose obtient sa libération inconditionnelle.
1984
Le service de renseignements de la GRC passe au Service canadien de renseignements de sécurité - SCRS (Canadian Security Intelligence Service - CSIS) à la suite du rapport de la Commission McDonald qui avait enquêté sur des activités illégales de ce service au cours de la période de troubles qui avait culminé avec la crise d'octobre 1970 au Québec.
(25 novembre 1984) Raymond Villeneuve, condamné en 1963 à 12 ans de prison, rentre au pays après 15 ans d'un exil qu'il s'était imposé en le fuyant alors qu'il bénéficiait d'une libération conditionnelle octroyée après 4 ans de détention pour le meurtre de l'agent Wiliam Vincent O'Neil ; il est emprisonné à son arrivée.
1985
(15 juin 1985) Raymond Villeneuve est libéré sous condition.
1988
La loi concernant l'ordre public adoptée en 1971 est remplacée par la Loi des mesures d'urgences assujettie à la Charte canadienne des droits et libertés.
1993
(10 août 1993) Jean Castonguay, l'un des membres de la première portée du Front de libération du Québec-FLQ, se suicide par incinération sur le mont Royal.
1993-1994
Gaétan Desrosiers, le porteur de la bombe déposée aux bureaux de la fabrique de chaussures LaGrenade, le 5 mai 1966, est directeur adjoint du maire de Montréal, Jean Doré ; en 1994, il est nommé secrétaire adjoint du Comité d'initiative et d'action pour le Grand Montréal à la suggestion du premier ministre, Jacques Parizeau ; en 1996, il est nommé sous-ministre adjoint au ministère de la Métropole.
1994 (28 mai 1994) Décès de Georges Schoeters à Stockholm, Suède
1995
(30 octobre 1995) Tenue du référendum sur la souveraineté ; la proposition du gouvernement reçoit l'appui de 49,4 % des voix exprimées.
1997
Le ministre de la Justice du Québec apprend que Robert Therrien, juge de la Cour du Québec, n'avait pas déclaré sa condamnation de 1971 au comité chargé d'examiner sa candidature au poste de juge de la Cour du Québec. S'enclenche alors le processus de destitution du juge Therrien.
Décès de Georges Schoeters, l'un des fondateurs du Front de libération du Québec-FLQ (1963).
2006
(15 novembre 2006) La cellule Camille-Laurin, une nouvelle cellule du FLQ émet un communiqué qui menace les commerce de l'Ouest de l'île de Montréal.
2007
(15 janvier 2007) La cellule Camille-Laurin du FLQ émet un autre communiqué indiquant qu'elle attaquera l'Ouest de l'île de Montréal entre le 15 février et le 15 mars 2007 ; elle s'attaquera aux Centres commerciaux, aux commerces qui n'observent pas la Loi 101 et paralysera la circulation sur les ponts et les autoroutes.
2010
(Septembre 2010) Dans son autobiographie intitulée Révélations d'un espion de la SQ, Claude Lavallée révèle que, en 1969, les agents de la Sûreté du Québec et de la Gendarmerie royale du Canada avaient lancé le projet Vegas pour épier la mafia montréalaise dirigée par Vic Cotroni, Frank Dasti et Nicola Di Iorio ; c'est Lavallée qui avait installé l'équipement pour placer les lignes téléphoniques ; Dasti communiquait régulièrement avec un certain Jean-Jacques Côté, tavernier de Montréal et organisateur politique du Parti libéral du Québec ; à la fin de 1969, Jean-Jacques Côté s'était occupé de la campagne de Pierre Laporte député de Chambly qui briguait la direction du Parti libéral du Québec ; le 16 avril 1970, l'écoute téléphonique fournit la preuve que Laporte avait tenu une réunion avec Di Iorio et Dasti en compagnie de Jean-Jacques Côté ; les policiers remarquèrent que Dasti communiquait souvent avec René Gagnon, un attaché politique de Laporte sous écoute. Selon Lavallée, l'enlèvement de Laporte a freiné la police qui était sur le point de réussir à l'inculper.
(16 octobre 2010) Inauguration d'un monument en face du siège social de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal en l'honneur de 352 personnes arrêtées sans mandat lors de la mise en vigueur de la Loi des mesures de guerre en octobre 1970.
(17 octobre 2010) Une plaque commémorative est dévoilée à la mémoire de Pierre Laporte dans le parc de la voie maritime du Saint-Laurent situé tout près de la résidence de la rue Robitaille où il avait été enlevé en 1970.
2013 Décès de Paul Rose.
2020
(6 janvier 2021) Décès de James Richard Cross à l'âge de 99 ans.

Liste des victimes du FLQ

O'Neil, Wilfrid - 21 avril 1963
McWilliams, Leslie - 29 août 1964
Pinish, Alfred - 29 août 1964
Morin, Thérèse - 5 mai 1966
Corbo, Jean - 14 juillet 1966
Saint-Germain, Jeanne-d'Arc - 24 juin 1970
Laporte, Pierre - 17 octobre 1970

LIBRE OPINION publiée en 2020
Christian Gagnon - Militant indépendantiste
15 mars 2013

Paul Rose enfin libre
Le 28 décembre 1970 prenait fin la Crise d'octobre, alors que les trois membres en cavale de la cellule Chénier du FLQ étaient arrêtés dans un tunnel qu'ils avaient creusé sous une maison de Saint-Luc-sur-Richelieu. C'est Paul Rose, leader du groupe, qui écopera le plus, avec deux peines d'emprisonnement à vie pour l'enlèvement et le meurtre de Pierre Laporte. C'est aussi lui qui sortira de prison le dernier, en décembre 1982.

Pourtant, en 1971, à l'enquête de coroner et au procès de Francis Simard, il avait été mis en preuve que Paul Rose n'était pas présent à Saint-Hubert au moment de la mort du ministre Laporte. Mais en septembre 1972, la demande d'en appeler à la condamnation pour meurtre logée par Paul Rose sera tout de même rejetée, à trois juges contre deux, sur une question de droit plutôt que sur la valeur des nouveaux faits.

L'absence de Paul Rose les 16 et 17 octobre 1970 lors de la prétendue « exécution » de Laporte sera aussi démontrée lors des audiences de la commission Duchaîne, en 1980. On a même appris l'existence d'un enregistrement effectué en janvier 1971 par écoute électronique en prison où Jacques Rose confie à l'avocat Robert Lemieux que la mort de Laporte a été accidentelle (Radio-Canada, 24 septembre 2010).

Bien sûr, l'enlèvement et la séquestration de Laporte constituent déjà un crime très grave, sans toutefois justifier l'abjecte promulgation de la Loi sur les mesures de guerre. Mais il demeure que Rose a vécu les 42 dernières années en étant considéré par la justice comme l'assassin de Laporte alors qu'il n'en est rien. Toutes ces années, il aurait pu le clamer haut et fort. Mais par solidarité extrême envers ses complices ou par dogmatisme idéologique, ou les deux, Paul Rose est resté prisonnier de sa propre rhétorique révolutionnaire. Cet entêtement était manifeste le 1er octobre 2010, alors que Radio-Canada diffusait une entrevue accordée à Bernard Derome par un Paul Rose visiblement tendu et nerveux, malgré les quatre décennies écoulées depuis les sombres événements.

« Un accident ? », demande le journaliste. « Ce n'était pas ça l'objectif. [...] Ce n'est pas totalement accidentel, c'est certain. Mais ce n'est pas non plus totalement gratuit. [É] Jamais au départ on n'avait l'intention d'en finir de cette façon-là », confirme pour une rare fois l'ex-felquiste. « On a fait ça [l'enlèvement] parce qu'on croyait à l'avancement de la société. Alors, peut-être qu'on a fait une erreur. Peut-être. On n'est pas nécessairement à l'abri de toute vérité ou pas. Peut-être. On fait des choix dans la vie. Mais on pourra jamais nous dire qu'on n'a pas essayé », explique Rose, en des mots qui ont des airs de regrets qu'il refuse de s'admettre à lui-même.

Derome tend alors une perche à son invité : « Vous avez payé votre dette à la société. Je crois comprendre que vous vous êtes pardonné à vous-même. » Mais Paul Rose retourne aussitôt dans sa geôle mentale en répondant : « Pour se pardonner, il faut quand même qu'il y ait eu quelque chose à pardonner. Vous comprenez ? Je sais qu'en disant ça, il y a beaucoup de monde qui va sursauter, mais c'est la réalité. » Bernard Derome revient à la charge : « Êtes-vous en paix avec vous-même ? » « Je l'ai toujours été », conclut un Paul Rose non repentant. Il y a bien sûr une bonne part d'instinct de survie dans cette attitude. La forte domination économique et politique vécue par les francophones du Québec de l'époque a clairement été démontrée par la commission Laurendeau-Dunton. Cette situation post-coloniale peut aussi expliquer, sans la justifier, l'émergence d'une telle violence. Mais n'aurait-il pas été temps pour Paul Rose d'admettre avant sa mort qu'en recourant aux enlèvements, le FLQ a franchi une limite qu'il n'aurait pas dû dépasser ? Qu'il a cédé à une impatience excessive qui a nui à la cause qu'il défendait ? N'aurait-il pas été temps pour Paul Rose, sincère militant progressiste, d'être enfin libre ?



  • Bibliographie -


FLQ - Histoire d'un mouvement clandestin (Louis Fournier, édité par Québec Amérique, 1982 ; réédité par Lanctôt Éditeur, 1998).
The October Crisis 1970 : An Insider's View (essai, William Tetley, McGill-Queen's University Press, 1982 ; réédité en 2006).
Pour en finir avec Octobre (essai, Francis Simard, Éditions Lux, 2010).
Trudeau's Darkest Hour : War Measures in Time of Peace, October 1970 (Guy Bouthillier et Édouard Cloutier, Baraka Books. 2010).
Last Stop Paris, the Assassination of Mario Bachand and the End of the FLQ (Michael McLoughlin, Viking, 1998).
Le Procès des cinq (Lux éditeur, 2010).
Révélations d'un espion de la SQ (autobiographie, Claude Lavallée, Éditions de l'Homme, 2010).
Les Opérations de l'armée et la crise d'octobre (Jacques Castonguay, Éditions Carte blanche, 2010)
My October (roman, Claire Holden Rothman, 2014)
Manifeste des pêcheurs (Paul Rose)
The making of the October Crisis : Canada's long nightmare of terrorism at the hands of the FLQ(essai, D'Arcy Jenish, published by Double Day Canada, a division og Penguin Random House Canada Limited, 2018).
The home for unwanted Girls (Joanna Goodman, Harper, 2018) ; Madame Goodman est née à Montréal, mais demeure à Toronto au cours des 20 dernières années. Madame Goodman est l'auteur de The Forgotten Diughters une saga sur les orphelins de Duplessis.


  • Filmographie-


La maison du pêcheur (réalisation d'alain Chartrand, scénarisation de Mario Bolduc et de Jacques Bérubé, recherche par Jacques Bérubé, 2013)
Les Rose (réalisation par

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