Soeurs grises de Montréal-s.g.m. (communauté religieuse de soeurs)

Un article de la Mémoire du Québec (2022).

  • Éphémérides -


1737
Fondation d'une association de bienfaisance par Marie-Marguerite Dufrost de Lajemmerais, veuve de Youville ; l'association ouvre une maison pour les pauvres.
1737
(31 décembre) Fondation de la Société séculière des Demoiselles de la charité par Marguerite Dufrost de la Jemmerais, veuve d'Youville.
1738
(Octobre) Les Demoiselles de la charité ouvrent un refuge pour les pauvres de Montréal.
La réputation d'ivrogne et de trafiquant d'alcool du défunt mari de Marguerite Dufrost collait à celle-ci au point que la populace les appelait soeurs grises (dans le sens de saoules plutôt qu'à cause de la couleur de leurs habits). Marguerite d'Youville avait promis que personne ne serai gris à Verdun, sauf les soeurs.
1745
Incendie de la maison des Demoiselles de la charité.
1747
Le supérieur des sulpiciens, Louis Normand de Faradon, confie l'Hôpital général de Montréal à Marguerite d'Youville et ses compagnes, Louise Thaumur, Catherine Demers et Catherine Cusson ; cet hôpital avait été fondé en 1692 par les Frères hospitaliers de Sainte-Croix dirigés par François Charron de La Barre ; cette communauté était aussi dite Les Frères Charron ; cet hôpital était situé sur l'actuel Square d'Youville, à l'angle des rues Saint-Paul et McGill.
1753
La Société séculière des demoiselles de la charité est reconnue officiellement par lettres patentes émises par le roi Louis XV de France.
1755
La Société séculière des Demoiselles de la charité devient une communauté religieuse dont les membres sont appelées Soeurs de la charité (le nombre de religieuses est cependant limité à 12) ; pas assez nombreuses pour donner les soins aux malades à l'occasion d'une épidémie, les Soeurs de la charité fondent les Soeurs auxiliaires. Malgré qu'elles aient choisi le noir et le beige pour la couleur de leurs habits, elles continuèrent d'être connues comme les soeurs grises non plus par dérision mais affectueusement.
1765
Incendie de l'Hôpital général de Montréal.
1771
Décès de la fondatrice, Marguerite Dufrost de Lajemmerais, mère d'Youville.
1840
Détachement de 4 religieuses qui fondent l'Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe et une communauté qui prend le nom de Soeurs grises de Saint-Hyacinthe.
1843
Ouverture d'une succursale à Saint-Boniface (Rivière-Rouge) au Manitoba.
1844
(24 avril) Les soeurs Marie-Louise Valade, Marguerite-Eulalie Lagrave, Anastasie Gertrude Coutlée et Marie-Edwige Lafrance quittent Lachine en canot d'écorce pour aller fonder un hôpital à Saint-Boniface (Manitoba) ; elles arrivent au Lower Fort Gary 57 jours plus tard après avoir parcouru 2 000 miles et effectuer 72 portages.
1845
Établissement d'une communauté de soeurs grises à Ottawa.
1847
Immigration massive d'Irlandais chassés d'Irlande par la grande famine, mais entassés dans des hangars érigés sur la Pointe-Saint-Charles de l'île de Montréal alors que sévit parmi eux une épidémie de thyphoïde ; les soeurs grises prennent soin des malades et 7 d'entre elles meurent de la maladie qu'elles cotoyaient. Ouverture du St. Patrick's Orphanage pour les enfants d'immigrants irlandais laissés sans parents lors de l'épidémie de typhus.
1847
Vague d'immigration au Canada en provenance de l'Irlande ; 96 000 immigrants dont 54 000 Irlandais arrivent au Canada, mais le typhus en fait mourir près de 20 000. Accident maritime ; naufrage à la Pointe de l'Est (Les Îles-de-la-Madeleine) du vaisseau britannique Miracle transportant 446 émigrants dont plusieurs sont atteint du typhus ; bilan : 150 morts.
1849
(22 août 1849) À la demande de l'évêque de Québec, Soeur Marcelle Mallet fonde les Soeurs de la charité de Québec et ouvre un orphelinat à cet endroit.
1859
Établissement d'une communauté de soeurs grises à Edmonton (Alberta). (Juin) Inauguration de l'asile Saint-Joseph.
1860
Ouverture du Father Dowd Home pour les Catholiques anglophones.
1861
Inauguration de l'asile Nazareth.
1869
Début de la construction en pierres de la nouvelle maison mère sur le quadrilatère borné par les rues Dorchester Ouest (René-Lévesque), Guy, Saint-Mathieu et Sainte-Catherine Ouest.
1870
Inauguration de l'institut d'éducation des aveugles affilié à l'Institut Nazareth.
1871
Les soeurs grises déménagent dans leur nouvelle maison mère.
1886
Fondation de l'Hôtel-Dieu de Nicolet.
1890
Marguerite d'Youville est déclarée vénérable.
1893
Établissement de la communauté en Alberta.
1898
Fondation de l'Hospice Sainte-Anne à Saint-Célestin.
1910
Fondation de l'Hôpital Sainte-Croix à Drummondville.
1912
Établissement à Saint-Boniface (Manitoba).
1913
Fondation de l'Hôpital Saint-Joseph à La Tuque.
1918
Ouverture de l'Orphelinat du Sacré-Coeur à La Tuque.
(14 février) Incendie de l'Hôpital des Soeurs Grises (à l'angle du boulevard Dorchester (René-Lévesque Ouest) et de la rue Saint-Mathieu) allumé par Bertha Courtemanche, une pyromane de 27 ans, employée par l'institution depuis quelques mois ; bilan : 64 morts, des enfants agés entre quelques jours et trois ans ; l'hôpital logeait la crèche accueillant 170 bébés âgés de moins d'un an, un foyer pour vieillards accueillant 98 hommes et 112 femmes dont quelques centenaires ; une section était réservée aux soldats blessés au cours de la guerre.
1923
Fondation de l'Hôpital Sainte-Marguerite, à Biggar, Saskatchewan.
1929
Ouverture de l'Orphelinat d'Youville à Sudbury, Ontario.
1930
Ouverture de l'Hôpital Sainte-Thérèse à Amos.
1930-1943
La communauté a la charge du St. Mary's Hospital de Montréal.
1931
Ouverture de l'Hôpital Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus à Chesterville Inlet (Baie de Hudson).
1932
Fondation de l'Hôpital du Christ-Roi de Nicolet dérigé par les soeurs grises.
1943
Établissement des soeurs grises en Haïti.
1944
Dans l'impossibilité de recruter des soeurs de langue anglaise, la communauté abandonne le Father Dowd's Home for the Elderly et le St. Patrick Orphanage.
1954
Fondation de l'Institut de cardiologie de Montréal par le docteur Paul David et les soeurs grises de Montréal.
1959
Béatification de Marguerite d'Youville.
1974
La chapelle de la maison-mère des soeurs grises est déclarée monument historique.
2000
La communauté compte un peu moins de 2 000 religieuses.
2004
La communauté annonce la vente de sa maison-mère à l'Université Concordia au prix de 18 M $ ; l'Université Concordia prendra possession de l'immeuble graduellement jusqu'en 2022. L'âge moyen des 330 religieuses de la congrégation qui vivent à la maison-mère est de 82 ans. Il reste en tout 574 religieuses vivantes dans la congrégation.
2007
(Mai) La communauté et l'Université Concordia finalisent l'acte de vente du domaine de la maison mère.
Une crypte contenant les restes de 276 personnes dont 232 soeurs, et située sous la chapelle, sera protégée par une dalle de béton après son occupation par l'Université Concordia ; certaines soeurs étant décédées de maladies contagieuses, la communauté n'a pas pu obtenir un permis d'exhumation pour les inhumer à un autre endroit.
2010
(décembre) Les restes de la fondatrice, Marguerite Dufrost de Lajemmerais, mère d'Youville, sont exhumés et transportés dans la basilique de Varennes, l'église de la paroisse dans laquelle elle est née en 1701.
2012
Il reste 134 religieuses dans l'établissement ; l'âge moyen de ces dames est de 85 ans ; elles seront relocalisées au complexe Square Angus de Rosemont au début de 2013 et alors, Concordia commencera à réaménager l'édifice pour en faire un pavillon de son complexe universitaire.
La rue des Soeurs-Grises rappelle cette communauté de religieuses dont la maison était située à proximité de cette voie.
2013
(29 mars) Les dernières religieuses (âge moyen de 85 ans) quittent le couvent pour aller résider dans leur maison de Rosemont et la Concordia University peut dès lors prendre possession de tout le bâtiment étant entendu que la chapelle et la crypte seront conservées. Le bâtiment sert déjà de résidence pour des étudiants.
2020
(7 juillet 2020) Le Journal de Montréal (7 juillet 2020, page 17) rapporte qu'un recours collectif est intenté par un homme qui affirme avoir été victime d'abus phisiques et sexuels lors de son séjour à la Crèche d'Youville sur la Côte-de-Liesse à Montréal, vers la fin des années 1960 ; Les enfants auraient alors été battus à coups de ceintures s'ils étaient encore éveillés après le couvre-feu et le requérant a parfois été forcé de «manger jusqu'à ce qu'il vomisse.» Le requérant fait aussi état de multiples sévices psychologiques utilisés par les religieuses pour obtenir obéissance. Il affirme que les religieuses auraient souvent répété aux pensionnaires qu'ils étaient des enfants du démon parce qu'ils avaient été conçus dans le péché, qu'ils méritaient d'aller en enfer, qu'ils étaient des enfants abandonnés, que leurs parents ne les aimaient pas et qu'ils ne méritaient pas de vivre ». Le requérant rappelle que 78 200 enfants ont fréquenté la Crèche de la Côte de Liesse entre 1925 et 1972.

  • Crédits -


Les rues de Montréal - Répertoire historique (Ville de Montréal, Méridien, 1995)

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