Innus (nation autochtone amérindienne)

Un article de la Mémoire du Québec (2022).

  • Appartenaient à la famille linguistique algique. Appelés Montagnais par les Français. Nomades vivant de chasse et de pêche sur le territoire délimité, au nord, par la ligne de partage des eaux des rivières du bassin du fleuve Saint-Laurent de celles du bassin de la baie James ; à l'ouest, par la rivière Saint-Maurice ; au sud-est, par le Saint-Laurent jusqu'à Sept-Îles ; au nord-est, par une ligne imaginaire reliant la ville de Sept-Îles et le lac Nichikunk, puis le lac Nichikunk et la baie de Ungava.


La nation innu est composée de 8 tribus :

Les Naskapis (nord du Labrador, vers la baie de Ungava).
Les Tadoussaciens (bande de terre sur les bords du Saint-Laurent, entre La Malbaie et les Îlets-Jérémie)
Les Pessamits (le reste de la côte du Saint-Laurent, des Îlets-Jérémie au Labrador)
Les Papinachois (au nord des territoires des Tadoussaciens et des Betsiamites)
Les Chicoutimiens (bords de la rivière Saguenay et Chicoutimi)
Les Piekoagamiens ou Pekuakamiulnuatsh ou Nation du porc-épic (autour du lac Saint-Jean),
Les Nekoubouistes (à la source de la rivière Ashuapmushuan, autour des lacs Chibougamau et Nekoubau),
Les Mistassins divisée en Grands Mistassins (au nord du lac Mistassini, jusqu'à la baie de Hudson) et Petits Mistassins (au sud du lac Mistassini).

Les réserves amérindiennes innues du Québec sont celles de Betsiamites, de La Romaine, des Escoumins, de Maliotenam, de Mashteuiatsh, de Matimekosh et Lac-John, de Mingan, de Nutashkuan, de Saint-Augustin et de Uashat.

  • Éphémérides -


1927 Une décision du Conseil privé de Londres détermine la frontière entre le Québec et le Labrador qu'il attribue à sa colonie de Newfoundland, morcellant ainsi le territoire des Innus.
1973 La Cour suprême du Canada confirme l'existence des droits ancestraux des autochtones sur le territoire du fait qu'ils l'ont occupé et utilisé avant les Européens.
1980 Le gouvernement du Québec dirigé par René Lévesque accepte de négocier la revendication territoriale globale du Conseil Attikamek-Innu.
1982 L'Article 35 de l'Acte constitutionnel du Canada consacre les droits territoriaux des autochtones et se lit comme suit :

Article 35: (1) Les droits existants - ancestraux ou issus de traités - des peuples autochtones du Canada sont reconnus et confirmés. (2) Dans la présente loi, «peuples autochtones du Canada» s'entend notammant des Indiens, des Inuits et des Métis du Canada.

1990 La Cour suprême du Canada établit la préséance du droits de pêche ancestral sur les pêches sportives ; un Musqueam de British Columbia avait prouvé que l'utilisation d'un filet pour attraper le poisson pour sa subsistance était un droit ancestral.
1994 Le Conseil Attikamek-Innu est scindé et les négociations avec le Gouvernement du Québec sont suspendues.
1996 La Cour suprême acquitte un Mohawk de Akwesasne et des Algonquins de Maniwaki (affaires Adams et Côté) d'accusations d'infractions à des règlements fédéraux tout en les assujettissant aux règlements provinciaux ; les causes portaient sur la pêche à des fins alimentaires et à l'enseignement des techniques de pêches traditionnelle aux enfants.
1999 La Cour suprême établit que les Micmacs de Nouvelle-Écosse peuvent pêcher à longueur d'année sans permis si c'est pour se procurer des aliments nécessaires ; la Cour refuse cependant de reconnaître un droit de commercer et assujettit cette pratique de pêche à la règlementation (Affaire Marshall).
2000 (14 juillet) Le Gouvernement fédéral, le Gouvernement du Québec et le Conseil des Innus de Mamuitun (Betsiamites, Essipit et Mashteuiatsh) et la communauté de Nutashkuan s'entendent sur une approche commune devant servir au règlement de la revendication territoriale des Innus.
2002 (Été) Le Gouvernement fédéral, le Gouvernement du Québec, les Innus de Mamuitum et de Nutashkuan s'entendent sur une proposition d'accord de principe qui reconnaît les droits ancestraux des Innus (de chasser, de pêcher, de cueillir des fruits) sur un territoire de 300 000 km2 (Nitassinan) leur participation à la gestion de ce territoire, sans droit de veto, et le droit à 3 % des redevances sur les ressources naturelles (6 M $ par année), y compris le titre aborigène, en définissant les effets et les modalités d'exercice de ces droits ; l'entente prévoit l'abolition des réserves et la reconnaissance d'un territoire de 225 km2 (Innu Assi) appartenant en toute propriété aux Innus de Betsiamites, Essipit et Mashteuiatsh et d'un territoire de 2 500 km2 appartenant en toute propriété aux Innus de Nutashkuan, à l'exception des ressources hydrauliques et du sous-sol ; une compensation globale 377 M $ est également consentie par les deux gouvernements (Canada: 275 M $ ; Québec : 102 M $).
2008 Des familles d'Innus de la réserve Uashat-Maliotenam et de Schefferville au Québec s'intallent sur les terres de la Couronne près de la baie Nairn dans la partie ouest du Labrador ; du 26 au 30 mai, le Gouvernement de Terre-Neuve & Labrador appose sur chacune des cabanes un avis d'éviction qui ordonne à leur propriétaires de quitter leurs installations dans les 60 jours sous peine d'amendes de 1 000 $ et d'emprisonnement de 3 mois ; les Innus prétendent que les terres du Labrador sur lesquelles des installations hydroélectriques seront aménagées leur appartiennent et qu'ils y enterrent leurs morts.
2010
(Février 2010) 150 Innus de 5 établissements du Québec tuent 250 caribous des bois d'un troupeau protégé au Labrador pour protester contre une entente entre les Innus du Labrador et le Gouvernement de Terre-Neuve qui ouvre la porte au développement hydroélectrique des basses chutes de la rivière Churchill ; l'Alliance stratégique des Innus dirigée par Réal McKenzie, chef de Matimekush-Lac-John, représentant de 12 000 Innus du Québec, refuse de reconnaître la frontière du Labrador et menace de bloquer tout développement hydroélectrique ou minier dans le nord du Québec et au Labrador jusqu'à ce que les droits ancestraux des Innus soient reconnus.
(Novembre 2010) Les Innus de Pessamit accordent le droit d'exploration en vue de trouver des gaz de shiste sur le territoire de leur réserve ; le Gouvernement du Québec prétend avoir le pouvoir exclusif de décerner un tel permis sur le territoire du Québec y compris à Pessamit ; le Gouvernement du Québec a imposé un moratoire sur l'exploration dans le bassin du Saint-Laurent ; le chef Raphaël Picard rejette se moratoire parce que les Innus n'ont pas été consultés à son sujet.
(20 décembre 2010) Les Innus de Sept-Îles s'entendent avec la compagnie minière Labrador Iron Mines et retirent leur poursuite contre le Gouvernement de Terre-Neuve qu'ils avaient entreprises pour faire annuler les permis d'exploitation de la mine de fer près de Schefferville au Labrador.
2011
(20 janvier 2011) Le conseil de bande des Innus de Uashat Mani-Utenam signe une entente de principe avec Hydro-Québec relativement aux lignes de transport d'électricité qui traversent leur territoires y compris les nouvelles lignes qui transporteront l'électricité produite sur la rivière La Romaine.
(Avril 2011) L'entente de principe est rejetée par un vote de 59,2 % par les Innus de Uashat Mani-Utenam.
2014
(23 janvier 2014) Le quotidien The Gazette rapporte que les Innus du Labrador se sont entendus avec la compagnie Alderon Iron Ore corp pour l'exploitation pendant 30 ans du projet appelé Kami, une mine de fer située au à cheval sur la frontière du Québec du Labrador ; l'entente porte sur le partage des bénéfces ; le projet Kami est la propriété de China Henbei Steel (25 %) et Alderon Iron Ore Corp. (75 %) ; le minerai sera exporté via le port de Sept-Îles.
(6 janvier 2014) La Cour d'appel du Québec refuse d'accorder la permission d'en appeler d'une décision du juge André Blanchard de la Cour supérieure du Québec rejetant leur requête en irrecevabilité présentée par l'Iron Ore Corporation-IOC (Rio Tinto à 58,7%, Mitsubishi à 26,2 % et Labrador Iron Royalty Corp à 15,1 %) et la compagnie de Chemins de fer du littoral nord de Québec et Labrador dans le cadre d'une poursuite que leur intente les Innus de Uashat Mani-Utenam et Matimekush-Lac-John qui réclament 900 millions en dommages et intérêts pour violation de leurs droits ancestraux et des droits issus de traités. Les Innus recherchent une conclusion déclaratoire en reconnaissance de leur titre aborigène sur le territoire qu'ils occupent dans la péninsule Québec-Labrador, là où ont lieu les activités minières, portuaires et ferroviaires des deux entreprises. Les Innus se sont entendus avec les compagnies minères Arcelor Mittal, Cliffs Natural Resources, Tata Steel, New Millenium Iron and Labrador Iron Mines qui donne des compensations financières pour leurs activités minières sur leur territoire.
(Octobre 2016) La Cour supérieure du Québec autorise la continuation de sa pouersuite de 900 millions $ conte Rio Tinto PLC's Iron Ore Co of Canada pour des dommages au-delà des frontières des limites de la province ; elle rejette les demandes par Iron Ore Co,, une compagnie de chemin de fer et le gouvernement du Labrador et Terre-Neuve de retirer les parties de l'action relatives aux opérations en dehors du Québec ; le juge stipule que les droits aboriginaux ont été et sont exercés sans égard aux frontières.
2019
(1er octobre 2019) Sortie du film Juessipian (long métrage sur les innus de la Côte-Nord) ; réalisation par la cinéaste Myriam Verreault (avec les actrices Sharon Fontaine Ishpatao et Yamie Grégoire).

Population innue du Québec

RésidantsSur réserveHors réserveTotal
19939 0803 47712 557
19979 3603 59212 952




  • Bibliographie -


Pachamama. Cuisine des premières nations (Manuel Kat'wa Kurtness, Éditions du Boréal, 2009).

  • Filmographie - Liste partielle


Aimer, Finir (documentaire de Lucie Lambert, 2010).

  • Crédits-


Dictionnaire biographique du Canada 1000 à 1700 (Les Presses de l'Université Laval, 1966)
Dictionnaire montagnais-français (Lynn Drapeau , 21 000 motsde la langue innue à partir du dialecte des betsiamites, 1991)
Les langues autochtones du Québec. Un patrimoine en danger (collectif sous la direction de Lynn Drapeau, essai par Anne-Marie BarabéPresses de l'Université du Québec, 2011)
Grammaire de la langue innue (Lynn Drapeau, Presse de l'Université du Québec, 2014)
(La Presse, 7 janvier 2015, page B2)

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