Montréal (municipalité de ville). ; Scandales ; Occupation et saccage de l'hôtel de ville par pompiers et cols bleus

Un article de la Mémoire du Québec (2022).

  • (18 août 2014) Plus d'une centaine de cols bleus et pompiers de la Ville de Montréal pénètrent sous l'oeil complice des policiers de la ville dans la salle du conseil de l'Hôtel-de-ville, poussent les conseillers vers leurs bureaux, saccagent la salle du conseil, répandent sur le plancher des papiers pris dans les pupitres des conseillers et certains d'entre eux pourchassent le maire Coderre jusque dans son bureau qu'ils assiègent pendant une quinzaine de minutes et y brisent les vitres. Cols bleus, cols blancs et policiers protestent contre l'adoption d'une loi de l'Assemblée nationale qui les obligera à contribuer à raison de 50 % aux déficits de leurs caisses de retraite ; jusque-là, ces déficits étaient absorbés entièrement par les municipalités.

Peu après la manifestation, 44 employés de la ville dont 41 pompiers sont arrêtés par la police et accusés de méfait, assaut et attroupement illégal.
(2 octobre 2014) Donnant suite aux événements du 18 août 2014 au cours duquel 63 employés ont été filmés, le président du comité exécutif de Montréal, Denis Desrochers, ordonne l'imposition de mesures disciplinaires à 56 employés comme suit :

congédiement de 6 pompiers,
suspension sans solde de 46 autres employés comme suit :
2 pompiers et un col blanc pour des périodes de 6 mois,
14 pompiers et un col-bleu pour des périodes de 3 mois,
3 cols blancs, 5 cols-bleus et 14 pompiers pour des périodes de 4 semaines,
10 pompiers pour des périodes de 2 semaines et
un col-bleu et 6 pompiers pour des périodes d'une semaine

certains pompiers congédiés comptaient plusieurs années de service et étaient près de leur retraite ; le président de l'Association des pompiers de Montréal, Ronald Martin, dépose un grief pour contester les mesures disciplinaires imposées à ses membres le 2 octobre 2014 ; selon lui, il s'agit d'une commande politique et que rien dans la manifestation du 18 août «ne justifie d'en arriver aux congédiements» ; il dit que l'action de la ville est brutale et désappointante et répond à une commande politique pour provoquer la famille des pompiers et affaiblir leur syndicat.
(14 octobre 2014) Ronald Martin, le président de l'Association des pompiers de Montréal est convoqué par la direction du Service de sécurité incendie qui lui annonce sa suspension sans solde pour une durée de 6 mois pour son action lors du saccage de l'hôtel de ville le 18 août 2014.
Ronald Martin déclare : «C'est une journée sombre. C'est la première fois qu'un président de syndicat, dans son action syndicale est suspendu. C'est vraiment un message dégradant qu'ils envoient aujourd'hui.» Il affirme que c'est le résultat d'une commande politique de l'administration Coderre et qu'il s'agit d'un show de boucane permettant d'éviter de parler des vrais enjeux, soit la réforme des régimes de retraite des employés municipaux. Selon Michel Parent, le président de l'association des cols bleus de la ville, «L'administration Coderre-Marcoux est en train de cristalliser les relations de travail, ce qui va faire que le service aux citoyens va être touché».
(16 octobre 2014) Le Service de police de la Ville de Montréal-SPVM prend des mesures disciplinaires contre 4 superviseurs qui se seraient abstenus de donner l'ordre d'intervention aux policiers présents à l'hôtel-de-ville lorsque les manifestants ont commencé à saccager le bien public.
2015
En décembre 2015, près de 2 000 cols bleus sont suspendus pour avoir participé à une asemblée syndicale pendant leurs heures de travail.
Le 22 juin 2017, la ville et l'Association des pompiers de Montréal s'entendent pour mettre un point final au conflit du 18 août 2014 au sujet des régimes de retraite. D'une part, la Direction des poursuites criminelles et pénales abandonne les accusations criminelles contre 53 pompiers qui avaient participé à la manifestation à l'hôtel de ville ; ainsi, les pompiers visés n'auront pas de dossier criminel. D'autre part, les pompiers paieront 500 $ chacun au Fonds d'indemnisation des victimes d'actes criminels-CAVAC et paieront des amendes de 500 $ chacun plus les frais. Le président de l'Association des pompiers a remercié la DPCP en ces termes pour la décision de la DPCP : «ne pas criminaliser des travailleurs qui sont tous des pères de famille qui n'avaient que l'intention de protéger leur patrimoine personnel et collectif». Les pompiers se sont également engagés à verser une compensation pour les dommages causés lors de leur manifestation (Le Devoir, 23 juin 2017) ; ce jour-là, les actions des pompiers et cols bleus avaient été filmées et amplement publiées.
2019
Le 14 mars 2019, Le Syndicat canadien de la fonction publique décide de prolonger la tutelle du local 301 pour une autre année ; cette décision est jugée indispensable par l'exécutif national du syndicat pour achever les travaux de révision des statuts et pour tenir des élections générales dans cette section locale. La tutelle devait prendre fin en mai 2019.

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