Québec(province). Industries. Gaz et pétrole

Un article de la Mémoire du Québec (2022).

  • Schiste : roche ayant acquis une structure feuilletée sous l'influence de contraintes tectoniques (Le Nouveau petit Robert, dictionnaire) ; roche métamorphique ayant subi de nombreuses transformations à températures élevées.

Shale : argile schisteuse (Dictionnaire Collins Robert) ; roche sédimentaire qui contient la substance gazière
Exploitation par la méthode du fractionnement hydraulique du roc : le gaz de schiste est obtenu par le creusage d'un puits vertical, puis horizontal dans lequel un mélange d'eau, de produits chimiques et de sable est pompé sous pression pour faire éclater le roc et ainsi libérer le gaz naturel enfermé dans le schiste.

1968
Adoption de la Loi créant la Société d'initiative pétroliére-SOQUIP par le Gouvernement de Daniel Johnson père ; la vocation de la SOQUIP est de prendre le leadership de l'exploration des hydrocarbures au Québec; les permis d'exploration détenus par Hydro-Québec seront cédés à la SOQUIP.
1969-1980
La SOQUIP réalise des études géophysiques, constitue une banque de données et accumule de l'expertise.
1970 Le puits Arco Anticosti est foré dans le schiste de Macasty ; les résultats indiquent que le shiste pourrait potentiellement être une formation productrice riche en pétrole et hydrocarbures légers sur les permis d'exploration de la compagnie Junex.
1973 La compagnie Shell cède à la SOQUIP tous ses droits d'exploration sismique dans les basses terres du Saint-Laurent et dans le contrefort des Appalaches.
1974
(15 décembre) Achat de l'île d'Anticosti au prix de 23 780 000 $, par le gouvernement du Québec qui veut ainsi éviter que Power Corporation, actionnaire principal de Consolidated Bathurst Ltd, la vende au gouvernement fédéral.
1980
Le Gouvernement du Québec accorde à la SOQUIP le pouvoir d'exploiter les hydrocarbures.
1981
SOQUIP s'allie avec la Caisse de dépôt et placement pour acquérir une partie importante des actions de Gaz Métropolitain, filiale de la compagnie ontarienne Northern & Central Gaz Company, et la compagnie Gaz Inter-Cité et regroupe les deux entreprises de distribution de gaz sous le nom de Gaz Métropolitain.
SOQUIP s'allie avec la Caisse de dépôt et placement pour fonder la compagnie Noverco en vue de l'acquisition complète de Gaz Métropolitain. André Caillé est nommé président de Noverco.
1985
SOQUIP conclut qu'il n'y a pas de ressources gazières exploitables au Québec.
1986 SOQUIP participe (50 %) au consortium Soligaz composé des compagnies Gaz Métropolitain et Alberta Natural Gaz et la société d'ingénierie SNC.
1996
André Caillé est nommé président d'Hydro-Québec.
Lucien Bouchard devient premier ministre du Québec. Hydro-Québec se lance dans l'exploration des hydrocarbures. Le gouvernement oblige SOQUIP à vendre une partie importante de sa participation dans Noverco et Gaz Métropilitain.
1997
(Janvier) En achetant le bloc d'action de contrôle (50,38 %) au prix de 197 millions $, Hydro-Québec devient le plus important actionnaire de Noverco, le holding qui chapeaute la société en commandite Gaz Métropolitain qui transporte et distribue le gaz naturel et vend et distribue des biens et services complémentaires au Québec et dans le nord-ouest du continent nord-américain.
1998
SOQUIP devient l'une des 12 filiales de la Société générale de financement-SGF et sera dissoute avant 2004.
1999
Jean-Yves Lavoie, un ancien ingénieur pétrolier employé de la SOQUIP (1974-1980), fonde la société Junex ; Jacques Aubert, président de SOQUIP, se joint au personnel de Junex.
2001
(Septembre 2001) Rapport de l'analyse des possibilités d'existence d'hydrocarbures sur l'île d'Anticosti et ses environs.
2002
Hydro-Québec crée sa division Hydro-Québec Pétrole et gaz avec un programme de 330 millions $ en exploration entre 2002 et 2010.
(2002 et 2007) Hydro-Québec Pétrole et Gaz investit 9,8 millions $ en travaux d'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti.
2003
Hydro-Québec verse 500 000 $ à Corridor Resources de Halifax pour une option en vue d'acquérir entre 18,75 % et 40 % du projet Old Harry dans le golfe du Saint-Laurent et de celui de Cape Ray ; pour exercer son option, Hydro-Québec devrait investir de 25 % à 50 % des frais de forage, un investissement graduel de plusieurs centaines de millions $.
2005
La société Talisman Energy Inc. de Calgary acquiert un nombre important de permis d'exploration au Québec.
2006
La compagnie Talisman Energy Inc. en partenariat avec la compagnie Questerre fore un premier puits à Bécancour et trouve du gaz. Peter Dorrins, qui avait été chef (exploration) de la division Pétrole et gaz d'Hydro-Québec de 2003 à 2006, devient chef des opérations de Junex.
2007
André Caillé quitte Hydro-Québec et est remplacé par Thierry Vandal qui aurait ordonné qu'Hydro-Québec Pétrole et Gaz se départisse des parts qu'elle détenait dans Gaz Métropolitain (devenu Gaz Métro) et les cède à 3 sociétés privées : Junex, Gastem et Petrolia.
Le prix du gaz se situant entre 6 $ et 8 $ / 1 000 pi3 incite les entrepreneurs à expérimenter la fracturation hydraulique et les forages horizontaux dans le schiste d'Utica ; en gros, cette méthode consiste à creuser des trous verticalement de 900 à 2 500 m de profondeur pour pénétrer dans le schiste, puis horizontalement à travers le schiste, d'introduire un tuyau collecteur, à injecter de gros volumes d'eau additionnée de sable et de produits chimiques sous haute pression hydraulique en vue de fractionner le schiste et libérer le gaz qui prend alors la direction du puits vers la surface.
La compagnie Canadian Forest Oil s'associe avec la compagnie Junex et Gastem pour financer un essai de fractionnement à Bécancour.
La compagnie Junex obtient 5 permis d'exploration minière sur l'île d'Anticosti.
(Fin de l'année 2007) Des travaux de forage permettent de croire au potentiel gazier des basses-terres du Saint-Laurent.
2008
(28 janvier 2008) Hydro-Québec vend ses droits d'exploration pétrolière sur 35 permis (6 381 km2) à la compagnie Petrolia qui devient partenaire de la compagnie Corridor Resources, une entreprise qui exploitera le gisement pétrolier extra-côtier Old Harry ; la contrepartie est une redevance prioritaire à Hydro-Québec qui refuse de divulguer la teneur de l'entente ; le siège social de Petrolia est à Rimouski, mais le principal actionnaire de Petrolia est Pilatus Energy AG de Suisse.
(Avril 2008) Une expérience menée au Texas révèle qu'il est désormais possible d'exploiter les gaz de schiste de façon rentable.
(1 avril 2008) Canadian Forest Oil annonce qu'il y a un gisement gazier dans le shiste d'Utica ; selon la compagnie, il y aurait assez de gaz pour combler la demande locale et même plus. Les titres de Gastem, Junex et Questerre gagnent plusieurs points à la bourse.
(9 avril 2008) André Caillé, ancien président d'Hydro-Québec, se joint à Junex comme conseiller stratégique et obtient 600 000 options d'achat d'actions de Junex dont 75 000 immédiatement, le reste au cours des trois prochaines années ; il deviendra président de l'Association pétrolière et gazière du Québec.
(Juillet 2008) Le prix du gaz passe au-dessus de 13 $ / 1 000 pi3.
2009
(Septembre 2009) L'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique demande un moratoire sur l'exploration et l'exploitation du gaz de shiste ; elle affirme que le procédé de fragmentation du schiste peut contaminer les eaux souterraines et injecter du gaz dans l'eau potable.
2010
Petrolia entreprend 4 forages d'exploration pétrolière sur le centre et l'est de l'île d'Anticosti.
(Hiver 2010) Plusieurs municipalités régionales de comté du Québec exigent un moratoire sur l'exploration du gaz de shiste. Madame Nathalie Normandeau, ministre des Ressources naturels et de la Faune du Québec rencontre les responsables municipaux de ces régions.
(18 mars 2010) La Environment Protection Agency des États-Unis annonce qu'elle lance une étude sur les impacts possibles de l'exploitation du gaz de shiste sur les réserves d'eau souterraines et la santé humaine.
(Printemps 2010) Un groupe de citoyens de Saint-Marc-sur-Richelieu s'organise après l'annonce d'un forage gazier dans les environs. D'autres groupes s'organisent dans la région. Nathalie Normandeau, ministre des Ressources naturelles et de la Faune du Québec, refuse d'imposer un moratoire ; elle affirme que «Les entreprises ont des décisions à prendre. C'est un rendez-vous que le Québec ne peut pas manquer».
(Juin 2010) La Presse et Le Devoir publient les premiers grands dossiers sur le gaz de schiste.
(31 août 2010) Le ministre Pierre Arcand mandate le Bureau d'audience publique sur l'environnement - BAPE pour proposer un cadre de développement de l'industrie.
(Septembre 2010) Un sondage indique que 37 % des Québécois sont défavorables à l'exploitation des gaz de schiste.
(Octobre 2010) La compagnie Talisman Energy Inc. reçoit deux avis d'infraction pour son puits de Gentilly 2 en face de Trois-Rivières ; la compagnie n'avait pas acheminé comme prévu des eaux de fracturation à l'usine d'épuration de Drummondville, mais les avait envoyée dans ses autres bassins de Sainte-Gertrude qui ne sont pas autorisés à recevoir des eaux venant d'ailleurs.
(Novembre 2010) La Environment Protection Agency des États-Unis revoit sa méthode de calcul du volume des fuites des puits de gaz de schiste aux États-Unis ; en vertu de sa nouvelle méthode, le volume des émissions de l'année 2006 liées à tout le secteur de la production pétrolière et gazière doublent passant de 90 à 198 millions de tonnes.
(Décembre 2010) La compagnie Talisman Energy Inc. essaye de colmater une fuite d'un puits qui laisse s'échapper du gaz détecté par les inspecteurs du ministère des Ressources naturelles à Leclercville.
(8 décembre 2010) Un avis d'infraction est envoyé par le ministère du Développement durable de l'Environnement et des Parcs à la compagnie Gastem parce qu'elle a commencé à préparer sans autorisation un site d'exploration en plein marécage à Saint-Janvier-de-Joly ; le ministère exige la restauration du site à moins que permission lui soit accordée.

En 2010, des études américaines ont démontré que le processus d'exploitation par fractionnement provoqué par l'introduction d'eau mélangée à un produit chimique sous pression a contaminé l'eau en Pennsylvanie, au Colorado et au Texas.

2011
(Janvier 2011) Vingt-neuf puits d'exploration de gaz de schiste avaient été forés dans les basses terres de la rive sud du Saint-Laurent entre Montréal et Québec et, sur la rive nord, entre Québec et Trois-Rivières. Une étude de l'Institut national de la santé publique du Québec conclut que la province devrait attendre le rapport de l'Environnement protection Agency des États-Unis avant de permettre que se continue l'exploration des gaz de shiste. L'agence américaine qui étudie les effets de l'exploration et de l'exploitation sur l'air et la couche phréatique devrait compléter son rapport vers 2013, alors que le Bureau d'audience publique sur l'environnement-BAPE devrait produire le sien le 28 février 2011.
(13 janvier 2011) La compagnie Canadian Forest Oil a reçu un avis d'infraction du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs parce que les inspecteurs ont constaté le déversement d'hydrocarbures légers sur son site de Saint-Louis-sur-Richelieu.
(17 janvier 2011) Talisman Energy éprouve des problèmes en Pennsylvanie où la mise sous pression d'un puits après une opération de fracturation à 2 km sous terre a provoqué une forte émission de gaz et de liquides de fracturation contenant des toxiques.
(20 janvier 2011) Le ministère des Ressources naturelles rapporte que des émanations de gaz s'échappent de 19 des 31 puits inspectés depuis 2006 ; des émanations contenant entre 7 % et 65 % de méthane se dégageraient de 7 puits.
(Automne 2011) Des émanations persistantes de gaz venant d'un puits d'exploration de 2 000 p de profondeur à Leclercville incitent Pierre Arcand, le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs du Québec, à modifier le ton jusque-là rassurant de Nathalie Normandeau, la ministre des Ressources naturelles et de la Faune, qui avait affirmé que les pets d'une vache contenaient plus de gaz à effet de serre qu'un puits de gaz de shiste. Le prix du gaz est descendu à 4 $ / 1 000 pi3. Le premier ministre du Québec, Jean Charest déclare «Il y aura de l'exploration et de l'exploitation du gaz de shiste à condition que ça puisse être fait correctement. Sinon, il n'y en aura pas.»
(25 janvier 2011) Lucien Bouchard est embauché par la compagnie Talisman Energy Inc. et remplace André Caillé à la présidence de l'Association pétrolière et gazière du Québec ; André Caillé demeure membre du conseil de l'association.
(26 janvier 2011) L'économiste en chef de l'Agence internationale de l'énergie déclare que le bas prix du gaz de schiste retarde l'émergence d'énergies réellement propres et nuit à la lutte contre les changements climatiques.
(26 janvier 2011) Le ministère de l'Environnement de la Pennsylvanie invite la société Talisman Energy Inc. à mettre fin à toute activité de fracturation hydraulique dans cet État jusqu'à ce qu'elle ait élucidé les causes de la fuite de gaz et de liquides de fracturation survenue à son puits de Tioga le 17 janvier 2011 ; Talisman se conforme à cette demande pour la durée de l'enquête et elle cesse ses activités au Québec également.
(27 janvier 2011) Le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs envoie un avis d'infraction à la compagnie Canbriam Energy pour une fuite de méthane considérée comme la plus importante de toutes constatées à 7 ou 10 m de la tête de son puits à La Présentation et oblige la compagnie à maintenir un gardien sur place en permanence ; le ministère estime que la fuite pourrait avoir contaminé les eaux souterraines alors que Paul Myers, président de la compagnie affirme qu'il n'y a qu'un débite 2,5 m3 par jour, ce qui, selon lui, n'est presque rien et que c'est 100 fois moins que ce qui est considéré comme sérieux ; pour le représentant du ministère, «il y a un problème de conception et un problème de fuite de gaz. Le puits n'est pas étanche et le gaz remonte à la surface»
(28 janvier 2011) Le ministre Pierre Arcand affirme que «Les mathématiques sont faciles. Il faut améliorer la balance commerciale du Québec et réduire notre dépendance au mazout. Le Québec en importe pour 13 G $ et l'industrie gazière peut nous aider pour 2 G $.
(Février 2011) La ministre française de l'Écologie suspend les travaux de prospection du gaz de schistes en France. Il est révélé qu'aux États-Unis 120 millions de litres de diesel ont été injectés dans le sous-sol pour stimuler la production de gaz ; cette substance est utilisée dans les formations rocheuses qui ne répondent pas bien à l'injection d'eau et de produits chimiques ; au Québec, l'industrie nie avoir utilisé le diésel.
(7 février 2011) Une pétition de 128 000 noms (119 000 par internet et 10 000 sur papier) demande au Gouvernement d'imposer un moratoire sur l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste au Québec. L'ingénieur en géologie appliquée, Marc Durand, professeur au Département des sciences de la Terre de l'UQÀM de 1974 à 1999, croit que lorsque les problèmes causés par le fractionnement des schistes apparaîtront les industriels qui les auront effectués auront disparu de la carte depuis longtemps ; il affirme que la roche qui contient le gisement gazier, le shiste d'Utica, sert actuellement de barrière contre les couches géologiques plus profondes qui contiennent de l'eau très saline et minéralisée, de 10 à 12 fois plus salée que l'eau de mer ; il affirme que l'injection à très haute pression des liquides de fracturation peut perturber la séparation naturelle des eaux douces près de la surface et des eaux qui deviennent de plus en plus salines à mesure qu'on pénètre en profondeur ; il blâme l'industrie pour appliquer de tout temps et partout une approche selon laquelle on préfère prendre le risque de payer après coup pour des dommages.
(10 février 2011) Monsieur Michael Binnion, chef de l'exécutif de la compagnie Questerre Energy affirme au quotidien The Gazette que «there is no responsible debate about the shale gaz development in Quebec». «We think it takes a four-year university degree and 20 years of experience to figure it out, and now we are dealing with people who think they can figure it out after 10 minutes on the internet». «Public opposition to shale gas development, including calls by environmental groups for a moratorium on drilling until questions about water and air polution are answered, is scaring away investors and risk capital». La Gazette rappelle que des professeurs qui ont étudié le développement des gaz de schistes ont demandé au Gouvernement du Québec d'attendre le rapport de l'étude commandée par l'Environment Protection Agency des USA.
(11 février 2011) The Gazette rapporte qu'une étude récente de la région du schiste de Haynesville, qui chevauche les États américains du Texas et de la Louisiane, a été publiée dans le Environmental Science & Technology Journal ; cette étude révèle que l'exploration de ces schistes a débuté en 2008 et elle prévoit une augmentation importante de smog et de pollution non seulement dans les environs des forages, mais dans la région environnante jusqu'à l'année 2030 ; les matières polluantes sont les oxides de nitrogène et des composés organiques volatile qui sont libérés lors du forage, la fracturation du roc, la production et la transmission du gaz et les fuites résiduelles des puits et des sections des pipelines ; selon cette étude, le développement du gaz de schiste présente des dangers pour l'avenir de la qualité de l'air dans les États de Louisiane et du Texas.
(11 février) Le journal Le Devoir rapporte qu'après avoir effectué 3 forages, la compagnie Corridor Resources de Halifax a découvert un gisement de pétrole dans le schiste argileux de l'île d'Anticosti (schistes Macasty). Chris Twigge Molecey, président de l'Institut canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole affirme que l'exploitation du gaz de schiste présente des risques environnementaux certains de sorte qu'il convient de développer prudemment cette filière qui implique une grande utilisation d'eau sur des terres agricoles qui en consomment déjà de grandes quantités au Québec ; l'eau utilisée par les entreprises doit être recyclée.
(15 février 2011) Les résultats d'un sondage publiés dans Le Devoir indique que 55 % des Québécois sont défavorables à l'exploitation du gaz de schiste ; 4 Québécois sur 10 ne font pas confiance à l'Association pétrolière et gazière du Québec, ni aux entreprises gazières ; 75 % de ceux qui ont entendu parlé ou connaissent le dossier des gaz de schiste croient qu'un moratoire complet sur l'exploration est nécessaire.
(16 février 2011) Un sondage publié dans La Presse révèle que le Réseau des ingénieurs du Québec (59 000 membres) est défavorable (59 %) à l'exploitation des gaz de schiste souhaite un moratoire (75 %) sur cette exploitation.
(26 février 2011) The Gazette rapporte que plus de 128 000 personnes ont signé une pétition en ligne pour demander un moratoire sur le développement du gaz de schiste au Québec. Le journal rapporte également que les villes de Buffalo (New York, USA) et Pittsburgh (USA) ont banni le fractionnement et le creusage sur leur territoire, même s'il n'y en a pas chez elles.
(27 février 2011) Environ 15 000 opposants protestent contre l'exploitation des gaz de schiste en Ardèche (France).
(Mars 2011) Il y avait au Québec 31 puits de gaz de schiste dont 18 avaient déjà été fracturés particulièrement dans le territoire des MRC de Lotbinière, de Bécancour et des Maskoutains. ; l'industrie du gaz de schiste avait dépensé 200 M $ au Québec pour divers travaux et elle envisage de creuser de 150 à 600 puits par année à compter de 2015.
(1er mars 2011) The Gazette publie un article du New York Times qui souligne les risques qui accompagnent la méthode de fractionnement sous haute pression hydraulique ; cet article indique que le niveau de radioactivité des eaux rejetées dans les rivières après traitement est beaucoup plus élevé que les estimés antérieurs avaient révélés et de beaucoup au-delà de ce que les autorités fédérales américaines jugent sécuritaire pour la consommation.
(3 mars 2011) Un collectif qui se nomme «Maître chez-nous 21e siècle» (entre autres Gérald Larose, Claude Béland, Bernard Lanfry, Louise Vandelac) accuse le gouvernement Charest de déposséder les Québécois de leur richesse énergétique et de briser un pacte conclu en 1962 lors de la nationalisation de l'électricité ; le groupe souhaite que le Gouvernement se réappropie les droits sur l'exploitation des hydrocarbures (pétrole et gaz) éventuellement trouvés sur le territoire du Québec.
(8 mars 2011) Le ministre de l'Environnement du Québec, Pierre Arcand, annonce que le Gouvernement accepte les recommandations du Bureau d'audience publique à l'effet de ne pas continuer l'exploration des schistes des basses terres du Saint-Laurent jusqu'à ce que, à partir des puits déjà creusés, une évaluation environnementale stratégique ait établi que l'exploitation de ces gaz pouvait se faire dans le respect de l'environnement.
(14 mars 2011) La Canadian Energy Pipeline Association de Calgary (Alberta), dont Talisman Energy et Questerre sont membres, déclare que, à la lumière des expériences hors Québec, l'exploitation du gaz de schiste peut être faite de façon sécuritaire au Québec, et à l'avantage des Québécois.
(16 mars 2011) La ministre des Richesses naturelles, Nathalie Normandeau, annonce que les restrictions pour la fracturation dans les basses terres du Saint-Laurent s'appliqueront à tout le territoire de la province.
(23 mars 2011) Le Gouvernement du Québec et celui du Canada s'entendent sur le partage des redevances sur l'exploitation de gisements pétroliers dans le golfe du Saint-Laurent ; cependant, le Québec et Terre-Neuve & Labrador devront s'entendre sur les limites de leurs territoires respectifs dans le golfe, Terre-Neuve ne reconnaissant pas les limites fixées en 1964 qu'elle n'a jamais ratifiées ; le projet dit Old Harry (une île des Îles-de-la-Madeleine, chevauche les territoires des deux provinces et, selon les limites proposées, 70 % du gisement serait au Québec et 30 % à Terre-Neuve & Labrador ; cependant, quatre provinces dont les territoires bornent le golfe du Saint-Laurent ont intérêt à ce que leurs rives ne soient pas contaminées par des accidents reliés à l'exploitation de gisements pétroliers en haute mer.
(30 mars 2011) Monsieur Jean Cinq-Mars, commissaire au développement durable, signale des lacunes importantes de la part du Gouvernement dans le cheminement du dossier du gaz de schiste : Arrimage non démontré avec les priorités d'action ; mise en place tardive de mécanismes gouvernementaux de participation des citoyens ; démonstration insuffisante des bénéfices pour la société québécoise ; mesures réglementaires qui minimisent les débours des entreprises ; contrôles du ministère pratiquement inexistant.
(Avril 2011) Une résolution adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale demande de suspendre les travaux dans le golfe avant la conclusion du Comité sur l'Évaluation environnementale stratégique formé par le gouvernement du Québec à ce sujet.
(Mai 2011) La municipalité des Îles-de-la-Madeleine demande que le projet de forage de Corridor Resources soit soumis à une commission d'examen en vertu de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, ce qui empêcherait Terre-Neuve de forer dans un territoire non encore attribué et ainsi profiter du vide juridique ; cette demande reçoit l'appui de la Conférence régionale des élus de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.
(5 mai 2011) Le gouvernement du Québec énonce son intention de présenter des règlements qui obligeront les entreprises à obtenir l'autorisation du gouvernement pour tous leurs tests, forages et fractionnements relatifs à l'exploitation des gaz de shiste de la province ; pour obtenir cette autorisation, les entreprises devront défrayer le coût de consultations publiques et révéler au ministère de l'Environnement les bases scientifiques et techniques de leur méthode de forage et de fragmentation ; elles devront révéler la nature des substances chimiques utilisées pour provoquer la libération des gaz ; jusque-là, cette dernière information est tenue secrète par les entreprises.
(13 mai 2011) Des scientifiques de la Duke University découvrent un lien entre l'exploitation des gaz de schales (schistes) dans les États de New York et Pennsylvanie et la contamination des eaux potables de la région qui contiendraient dans certains cas assez de gaz méthane pour rendre l'eau inflammable.
(14 mai 2011) La ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau dépose un projet de loi qui interdira l'exploration pétrolière et gazière sur les îles de l'estuaire du Saint-Laurent (L'Île-aux-Oies, l'Isle-aux-Grues, l'Isle-aux-Coudres, l'île Verte, l'île du Bic, et l'île Saint-Barnabé.
(19 juin 2011) Des milliers de citoyens venus de partout au Québec manifestent à Montréal en faveur d'un moratoire sur l'exploration et l'exploitation des gisements de gaz de schiste.
(28 juin 2011) Le journal Le Devoir rapporte qu'une firme spécialisée en évaluation des réserves pétrolières, Sproule Associates Limited, établit à 30,9 milliards de barils de pétrole le meilleur estimé du volume de pétrole sur les permis (6 070 km2) où l'entreprise Petrolia détient un intérêt sur l'île d'Anticosti dans les shistes de Macasty ; selon l'estimation basse, le volume se situerait à 19,8 milliards de barils.
(25 août 2011) L'Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador, l'agence de réglementation qui supervise l'exploitation d'hydrocarbures extra-côtiers au large de Terre-Neuve & Labrador exige une étude d'impact environnemental indépendante pour les travaux d'exploration qui devront précéder le projet Old Harry dans le golfe du Saint-Laurent ; les cinq provinces concernées par ce projet sont Québec, Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve, Nouvelle-Écosse et Nouveau-Brunswick.
(28 septembre 2011) La compagnie Junex propriétaire de 5 permis d'exploration (94 403 hectares), annonce que son sous-sol pourrait contenir pas moins de 12,2 milliards de barils de pétrole selon la meilleure estimation de la firme texane Netherland, Sewell and Associates.
(Octobre 2011) Gaz Métro acquiert le Central Vermont Public Gaz corp.
(9 novembre 2011) L'Environnement Protection Agency des États-Unis publie les résultats d'analyse qui montrent que des produits chimiques employés dans les fluides de fracturation ont trouvé leur chemin jusque dans les puits d'eau potable du Wyoming.
(20 décembre 2011) La compagnie Junex vend la totalité de sa participation dans le projet Haldimand en Gaspésie
2012
(10 mars 2012) Le gouvernement de l'Ohio aux États-Unis annonce qu'une douzaine de séisme ressentis dans l'État auraient pu être provoqués par des forages d'exploration pour trouver des gisements de gaz de shiste, un phénomène que les industriels ont toujours jugé impossible.
(14 août 2012) Les écologistes du Québec s'opposent à l'exploitation du gaz et du pétrole de schistes au Québec. et demandent au gouvernement de racheter tous les permis alloués et déclarer un moratoire sur l'exploration et l'exploitation du gaz et du pétrole de schiste ; ils demandent également au gouvernement de ne jamais permettre l'exploration et l'exploitation du gaz et du pétrole de l'île d'Anticosti, du golfe du Saint-Laurent et de la Gaspésie sans l'accord des populations voisines.
(14 septembre 2012) Le président de la France, François Hollande annonce la fermeture en 2016 de la centrale nucléaire de Fessenheim, la plus vieille centrale nucléaire française, et le rejet de 7 permis d'exploration d'hydrocarbures pouvant déboucher sur l'exploitation de gaz de schiste ; il déclare : «Dans l'état actuel de nos connaissances, personne ne peut affirmer que l'exploitation des gaz et huiles de schiste par fracturation hydraulique, seule technique aujourd'hui connue, est exempte de risques lourds pour la santé et l'environnement».
(20 septembre 2012) Dès après son assermentation au poste de ministre des Richesses naturelles, Martine Ouellet déclare qu'il est encore trop risqué pour permettre un jour l'exploitation sécuritaire des gaz de schiste au Québec et propose au gouvernement Marois d'imposer un moratoire sur l'exploration pratiquée par l'industrie et l'exploitation des gaz de schiste ; Pauline Marois, la première ministre explique que madame Ouellet craint qu'il y ait des risques qui soient difficilement acceptables et qu'il fallait qu'il y ait une étude du Bureau d'audience publique sur l'environnement-BAPE pour avoir un portrait indépendant sur les impacts environnementaux de l'exploration et de l'exploitation des gaz de schiste par fracturation hydraulique (fracking par pression d'eau augmentée de produits chimiques). (La Presse, page A3, Le Devoir, page A3, 21 septembre 2012).
(22 septembre 2012) La Presse rapporte qu'une étude européenne commandée par l'Union européenne, affirme que l'exploitation du gaz de schiste pose des risques élevés pour le sol, l'air, l'eau de surface et l'eau souterraine
(24 septembre 2012) Le grand patron de Questerre, la compagnie qui possède plusieurs permis d'exploration gazière au Québec indique que l'interdiction de toute exploration et exploitation au Québec ne lui faisait pas mal puisqu'elle allait concentrer ses énergies et ses fonds dans les autres actifs pétroliers et gaziers qu'elle possède dans l'Ouest du Canada ; il s'est dit déçu que madame Ouellet ne croie pas en la sûreté des techniques modernes de forage.
(25 octobre 2012) Dans une conférence, Lucien Bouchard avait accusé les écologistes d'être des freins au développement des richesses naturelles de la province ; l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique déclare être choquée de voir l'ancien premier ministre du Québec utiliser des insultes et de l'exagération pour critiquer les opposants et la ministre des Ressources naturelles.
(30 octobre 2012) La compagnie Talisman déclare qu'elle ne voit pas «à quel moment on pourrait entrevoir la commercialisation potentielle du gaz de schiste au Québec» (La Presse, 31 octobre 2012, cahier Affaires, page 5).
2013
(Début de février 2013) Lucien Bouchard démissionne de son poste de président de l'Association pétrolière et gazière du Canada lorsque la compagnie Talisman, qui retenait ses services jusque-là, quitte l'Association pétrolière et gazière du Québec.
(11 février 2013) La compagnie Junex, qui détient le plus grand nombre de permis d'exploration pour le gaz de shiste, quitte l'Association pétrolière et gazière du Québec.
(26 novembre 2013) L'Assemblée nationale adopte à l'unanimité l'interdiction d'exploitation des gaz e schistes dans la vallée du Saint-Laurent.
(9 décembre 2013) La Presse révèle que des chercheurs ont cartographié le phénomène du gaz dans les eaux souterraines de la zône dite Uticaqui qui s'étend de la frontière américaine et la région de Lotbinière ; l'étude identifie des zones où le méthane est présent naturellement dans l'eau ; l'une est à Bécancour, une autre dans la campagne au sud de Gentilly, une autre entre Saint-Hyacinthe et Saint-Guillaume en Montérégie et deux zones de la vallée du Richelieu au nord et au sud de Saint-Jean-sur-Richelieu. On savait déjà qu'il existait une zone gazière dans la région de Trois-Rivières principalement à Pointe-du-Lac.

Association pétrolière et gazière du Québec

En 2011,
Stéphane Gosselin, ancien chef de cabinet du ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, est directeur de l'Association.
Daniel Gagnier, chef de cabinet du premier ministre Jean Charest (2007-2009), est membre du comité consultatif de la compagnie Talisman Energy.
James C. Cherry, président et chef des opérations de Aéroports de Montréal et Michel Patry, directeur et professeur à l'Institut d'Économie appliquée de l'École des Hautes études commerciale, sont membres du comité consultatif de la compagnie Talisman Energy.
Daniel Bernier, ancien chef du cabinet du ministre du Tourisme du Québec (2003-2005), agit comme lobbyiste pour la compagnie Talisman Energy auprès du ministère des Ressources naturelles du Québec jusqu'au dépôt du rapport du Bureau d'audience publique sur l'environnement le 28 février 2011.
Lucien Bouchard, ancien premier ministre du Québec devient conseiller de Talisman Energy et président de l'Association pétrolière et gazière du Québec.
Érik Adam, ancien géophysicien d'Hydro-Québec Pétrole et gaz (2003-2006) est membre du conseil d'administration de Pétrolia.
Bernard Granger, ancien chef géologue de SOQUIP (pendant 20 ans) et ancien chef géologue d'Hydro-Québec Pétrole et gaz, a été géologue de Pétrolia (2006-2010).

Pétrolia détient 70 % des permis d'exploitation sur les territoires québécois présentant un potentiel pétrolier.

  • Bibliographie -


La Révolution des gaz de shiste (Normand Mousseau, Éditions MultiMonde, 2010)
Le scandale des gaz de schiste (Philippe-Vincent Fooisy et Julien McEvoy, VLB éditeur, 2011)

Outils personels